Les “Coucou, je suis à Londres” ou “Trop bien, Amsterdam !”, je ne les compte plus. La chanceuse a découvert des lignes low cost depuis l’aéroport de sa ville étudiante. Et comme elle n’est pas du tout fourmi – normal, elle fait des études de cigale : chanter ou danser, au choix – dès qu’elle a trois sous en poche, elle s’envole. Je ne suis pas du genre mère anxieuse, elle a de la chance. Et d’ailleurs, ses escapades, ça me rappelle bien les miennes à son âge : ma maman se plaignait auprès d’une amie que j’étais toujours sur les routes à visiter des connaissances de préférence habitant un peu loin.“Véronique est un pigeon voyageur !” A quoi son amie lui répondait que j’avais bien raison de profiter de ma jeunesse, sa fille à elle s’étant mariée à 18 ans. Bref, j’aurais beau jeu aujourd’hui d’empêcher mes propres enfants de sillonner l’Europe, voire plus et plus loin. Ce qui était à portée d’une journée de voiture pour nous est devenu pour le même budget à portée de quelques heures d’avion pour eux.
Mais là, j’avoue qu’elle a fait fort, ma petite mouette. En janvier, elle parlait de Malte pour ces vacances-ci. Je grommelais qu’il lui manquerait le budget.
Il y a quelques semaines, elle me demande si je veux bien lui envoyer un colis : son gros bonnet, un fuseau de neige et des collants chauds.
“Tu veux faire quoi, encore ???”
Elle rit au téléphone.
Et je n’ai pas le temps de protester qu’elle a déjà le billet et tout planifié pour son séjour. Elle s’envole donc pour l’Estonie et a prévu de visiter les trois pays baltes : Tallinn, Riga, Vilnius, cela ne m’évoque rien d’autre que les cases du Monopoly “Europe” mais ce sont les villes escales qu’elle a choisies. Les pieds dans la neige, tête au vent de la mer Baltique, elle fait ses visites toute seule avec son sac à dos.
Deuxième jour. “Tu sais, Tallinn c’est tout petit, j’en ai fait le tour en une journée, le ferry pour la Finlande est super pas cher, je vais visiter Helsinki.”
Et puis quelques heures plus tard : “Bon, Helsinki, ce n’est pas très typique de la Finlande, je prends un bus et je vais visiter une petite ville touristique !”
Et elle nous envoie des photos à couper le souffle de Porvoo.
Le soir, merveille des nouvelles technologies, elle m’appelle par messenger et me raconte les péripéties de son escapade. Il est 22h là-bas, elle va reprendre son ferry pour Tallinn. Il traverse des zones de mer gelée.
Et moi je voyage, devant ses grappes de photos toutes plus belles les unes que les autres, tandis que cuit ma soupe de courges qui consolera mon rhume débutant.
Franchement, je ne sais pas d’où viendront les “Coucou” et les photos demain, ni après-demain. Mais vole ma mouette, de bonnes étoiles veillent sur toi !