On décrie parfois l’art religieux pour avoir été coercitif, répondant à des commandes. C’est ainsi que les choses m’étaient présentées au lycée par des professeurs soucieux de laïcité.
Et si ces artistes avaient aussi traduit des émotions profondes devant les beautés de la Révélation biblique et un souci d’évangélisation, notamment à des époques où l’image ou la sculpture permettaient aux illettrés de mieux appréhender leur religion ?
Avec une amie très chère et qui, ce qui est un peu rare pour moi, partage mon goût pour l’art religieux, je me suis fait grand plaisir cette semaine en revisitant le musée Unterlinden de Colmar, qui, après rénovation, est devenu somptueux. Les sous-sols offrent de très belles œuvres du XIXe à nos jours, mais j’étais impatiente de lui faire découvrir aussi le cloître et les salles attenantes, offrant une multitude d’œuvres d’art sacré rhénan, peintures hautes en couleurs et sculptures d’une grande délicatesse, la plupart des XVe et XVIe siècles. Bien sûr, le retable d’Issenheim est le trésor de la collection, et je ne me lasse pas de contempler les différents plans, de l’Annonciation à la Résurrection en passant par le Crucifixion connue pour son réalisme saisissant.
Mais il y a aussi, dans une autre salle, une statue de bois du Christ en prière que j’affectionne particulièrement. Son image est depuis longtemps au mur de mon coin prière. Ce Christ au Mont des Oliviers est d’une beauté saisissante. Je l’ai déjà dit, je ne suis jamais vraiment satisfaite des représentations du Christ Jésus, l’imaginant bien plus beau que tout ce que l’on peut peindre ou sculpter. Mais cette statue-là m’inspire, et je rends grâce à l’anonyme qui l’a réalisée. Je suis restée longuement mercredi devant ce beau visage tourné vers le Père. Jésus en prière, qui mieux que lui peut faire sourdre la nôtre en action de grâce pour tous ces artistes qui ont contribué à nous transmettre la foi ?
Image : Christ au Mont des Oliviers, Atelier colmarien, fin du XVe, Musée Unterlinden