Vous savez, ces petits poèmes de fête des mères, pleins de compliments touchants et de rimes un peu maladroites, calligraphiés sur une jolie carte fabriquée à l’école, et que l’on garde précieusement dans un tiroir et les recoins de sa mémoire. Ça me rassurait d’en recevoir, car moi, petite fille, je n’étais jamais parvenue à en écrire pour ma mère. Ça me rassurait. J’étais une bonne maman.
Et puis elles deviennent des femmes, et un jour, autour d’une tarte aux cerises, elles ont besoin de parler. Et ça va très loin dans les larmes, les confidences, les questions, les souvenirs, les amertumes. Accueillir cela aussi, comme on a accueilli les poèmes de fête des mères un peu surfaits. Accueillir la vérité de l’autre, pour découvrir des erreurs refoulées en soi. Ne pas refuser d’entendre. Ne pas refuser de se remettre en question.
Il faisait très chaud samedi, quand je me suis offert à moi-même un bouquet de fleurs. Très chaud, et elles se sont très vite flétries.
Je les regarde ce matin, mes fleurs fanées. Je n’ai pas été la mère que je rêvais d’être à 25 ans. Pas meilleure que les autres, pas forcément pire non plus, même si les cicatrices dans les cœurs et les chairs de mes enfants sont réelles. Reconnaître ma part de responsabilité, admirer la façon dont ils font face. Encourager. Aimer au-delà de tout amour.
Au compost, mes fleurs fanées ! Du compost, toujours, finit par rejaillir une vie nouvelle, nourrie de mort et de résurrection.