Il chante dans mon cœur, ce temps-là. Définitivement repoussé, l’hiver interminable ! Le jardin renaît de son long sommeil, la senteur de ma fleur préférée embaume l’atmosphère dès la porte-fenêtre passée, ou dans le salon autour d’un bouquet éphémère et d’autant plus précieux.
Le lilas, je ne m’en lasse pas, car il ne nous en laisse jamais le temps. Des jardins de nos grands-mères jusqu’aux bosquets qui explosent à l’approche du mois de mai, il faut profiter de ce ravissement car il ne dure que deux ou trois courtes semaines. Généreux et libre lilas, qui se déploie dans les campagnes sans se laisser enfermer dans les arrière-boutiques des fleuristes…
Le temps des lilas, c’est aussi, souvent, le temps de retrouvailles familiales. On ne craint plus la neige et la nuit pour faire de la route, des occasions se présentent, religieuses ou simplement conviviales, l’apéritif peut se prendre dehors les années de chance, et, joie, un jeune couple a parfois un bébé à présenter à la famille élargie ! La dynastie se poursuit, on se réunit, émus, autour du patriarche qui n’en revient pas de toute sa descendance. Temps pour faire mémoire, sans larmes, d’une mamie qui aurait tant aimé la connaître aussi, temps de méditer sur la poursuite inexorable de la vie, encore et toujours donnée.
Je le chanterai sans cesse, le temps de lilas, et s’il y a une fleur que je veux retrouver, un jour, au Royaume d’éternité, c’est bien celle-là.