Voilà une donnée de la foi chrétienne que beaucoup ne comprennent pas. Des traités savants et indigestes ont été rédigés à travers les siècles, et pourtant, la sainte Trinité, c’est tout simple quand on la vit intensément dans la prière. Aimer le Père, aimer le Fils, et par amour pour eux deux, se faire réceptacle de l’Esprit qui procède de leurs deux Personnes. Devenir soi-même cette autre personne qu’ils chérissent eux aussi, qui leur rend témoignage, qui ne cède pas d’un pouce à l’esprit du monde quand il s’agit d’attester de la Vérité de l’Evangile.
Ce matin, me promenant dans mon jardin à la recherche de beautés épanouies ou en promesse, je suis passée presque trop vite devant le recoin le plus négligé des abords de ma maison. Il y a là de vieux pavés mal désherbés et un fauteuil de jardin passé du blanc au gris que j’ai abandonné aux herbes folles. Et surprise : trois fleurs jaune soleil s’étaient frayé un chemin à travers les fentes de la chaise de jardin ! La beauté dans la disgrâce, la vie dans l’abandon, du neuf dans le vieux, des couleurs éclatantes dans le terne de l’usure.
Et si c’était seulement cela, la Sainte Trinité ? Trois fleurs entêtées de vie et de soleil dans les recoins négligés de notre âme, dans le rebut de notre monde oubliant souvent de s’arrêter devant ce qui n’est plus rutilant…
Ces trois fleurs sauvages m’ont réjoui le cœur jusqu’à venir les raconter ici. Une grande, une moyenne, une petite. Perçant les fentes du fauteuil considéré comme inutile, dans le recoin du jardin que je n’aime montrer à personne, trois fleurs en une seule belle visite. S’élevant vers le ciel de leurs corolles lumineuses, humbles et cachées et pourtant bien réelles, trois fleurs qui deviennent pour moi, à la veille de célébrer la Trinité Sainte, tout un symbole.