C’est ce que j’ai ressenti hier soir, autour du terrain de foot à la télévision et dans la ville – en liesse à partir de 22 heures – dans laquelle je me trouvais. J’avoue qu’habituellement, je n’aime pas trop traverser le quartier de mon fils le soir : on n’y croise guère de femmes, et je sais que ma belle-fille y est régulièrement victime de harcèlement de rue rien qu’en allant de sa place de parking à l’entrée de son immeuble. J’ai toujours une légère angoisse en quittant cette ville de nuit au volant.
Mais hier soir, tout était bien différent. Chacun est sorti exprimer une joie bon enfant, en famille ou en groupes d’amis. Les petits maquillés de bleu-blanc-rouge, les femmes voilées ou en boubous agitant des drapeaux français, les jeunes vociférant une allégresse et un patriotisme inhabituels. Les voitures défilaient en klaxonnant, les drapeaux claquaient au vent, souvent surgissaient d’une vitre le drapeau français et de l’autre celui du pays d’origine, dans une saine cohabitation. On vivait là un moment historique. Je me suis souvenue, avec mon fils, de la tristesse et de la gravité de la manifestation, au même endroit, après les attentats de Charlie Hebdo en 2015. Cette fois, c’était la joie et le bonheur de la victoire, qui rappelait fortement l’euphorie de la France Black – Blanc – Beur de l’été 1998. Un moment fédérateur, comme notre pays en a tant besoin dans les tensions qu’il traverse. Tous, nous espérons revivre ces moments où la France s’était unie dans une tolérance unanime et un sentiment de gratitude pour les talents de son équipe de foot championne du monde représentant si bien la diversité de notre nation.
Puisse cet esprit perdurer, et nous mener à une grande fête de la réconciliation nationale au lendemain du 14 juillet 2018 !