Jour de très grande joie pour moi : j’avais rendez-vous avec mon accompagnatrice spirituelle, qui est mon rayon de soleil dans l’Eglise. Pour la rejoindre chez elle, je prends toujours les mêmes petites rues en ville, dont une qui passe devant la maison d’arrêt. A chaque fois, j’en ai le cœur serré. Le glauque des murs, l’épaisseur des grilles, une voiture de police toujours stationnée pas loin. Je pense à ceux qui y sont enfermés, et j’ai une prière pour eux, moi qui suis tellement libre sur tous les plans.
Aujourd’hui, c’était plus tragique encore. J’ai vu, tout en passant furtivement, une bonne dizaine de femmes dans le sas, entre la porte de la rue et la grille de la prison vétuste. Elle étaient serrées là, attendant qu’on leur ouvre cette grille. Enfermées elles aussi pour un temps, malgré leur innocence. J’ai pensé à ces femmes, de tous les âges. Des mères, des sœurs, des épouses, des compagnes. Injustement là. J’ai pensé à ces femmes qui n’ont rien mérité de tel, tandis que l’homme qu’elles vont visiter purge sans doute une juste peine. On n’atterrit pas en prison sans motif.
J’ai pensé à ces femmes blessées, stigmatisées, affrontant certainement mille tracas quotidiens, à leur patience aimante pour un homme qui n’a pas respecté, d’une manière ou d’une autre, la loi de tous.
Et c’est pour ces femmes dont on ne parle jamais que monte ce soir mon intercession. Oh, l’Eglise en a, de belles paroles sur les prisonniers qu’il faut visiter ! Ceux-là sont souvent mis en exergue pour nous inciter à la charité chrétienne, mais ces femmes dans un sas aujourd’hui, qui s’en soucie ?
Victimes “collatérales”. Victimes, souvent, de l’inconséquence de ces hommes qu’elles continuent envers à contre tout à visiter, par pur amour.