Il y a un paradoxe dans mon titre ?
Oui, évidemment. Mais ce n’est pas sans raison. Il y a aussi un paradoxe dans ma vie de catholique pratiquante : c’est que, semaine après semaine, je suis gavée d’homélies qui sont pensées pour des non-pratiquants et presque des non-croyants.
Simple listing :
– “Nous” n’avons pas assez la foi.
– “Nous” ne nous occupons pas assez de notre âme.
– “Nous” ne témoignons pas vraiment de notre foi au quotidien.
– “Nous” rougissons d’être chrétiens.
– “Nous” désertons le sacrement de la réconciliation.
– “Nous” ne méditons pas assez la Parole de Dieu.
– “Nous” ne sommes pas empressés pour venir à la messe.
– “Nous” chérissons les richesses et les joies faciles du monde.
– “Nous” ne vivons pas de manière fraternelle entre nous.
etc… etc…
Les prédicateurs ont fait, leur semble-t-il, un effort immense en passant du “vous” au “nous”. Mais parfois, je suis tellement agacée pendant l’homélie dominicale que si j’étais mal élevée, je me lèverais en pleine église et je crierais : “Mais parle pour toi !”
Mais je suis bien élevée.
Alors je rentre chez moi énervée, consolée seulement par le sacrement de l’Eucharistie qui revêt tellement d’importance pour moi que je reviens quand même, semaine après semaine, presque pour me faire insulter à l’heure de l’homélie. J’ai un très fort besoin de ce sacrement, des lectures qui le précèdent, de la célébration communautaire de ma foi chrétienne, de rencontrer, au moins là à l’église, mes amis paroissiens et de chanter mon amour de Dieu avec eux.
Nous ne sommes plus qu’un petit reste, et du haut de ma cinquantaine bien entamée, je suis l’une des plus jeunes. Tous, nous avons la foi. Aucun de nous ne rougit d’être chrétien puisque nous sommes là, par un beau dimanche d’été, alors que nous pourrions faire du sport ou pique-niquer avec des amis – enfin, les quelques plus jeunes d’entre nous du moins. Souvent, nous avons entre les mains le “Prions en Eglise” qui prouve bien que la Parole de Dieu nous interpelle et que nous la méditons, même la semaine. Tous les dimanches, nous sommes là. Et plus aucun de nous ne s’adonne aux joies faciles du monde…
Ce billet est un petit coup de gueule. Je suis plus que fatiguée des homélies culpabilisantes qui ne visent pas le public qui les reçoit.
Quand l’Eglise catholique va-t-elle enfin prendre conscience que si elle se vide, ce n’est pas seulement parce que nous vivons dans une affreuse société matérialiste et individualiste, mais peut-être aussi – voire surtout – parce que les quelques croyants authentiques qui continuent à vouloir pratiquer malgré tous les scandales dont des clercs se sont rendus coupables n’en peuvent plus de se prendre en pleine figure à la messe dominicale tous les reproches que des prêtres aigris rêvent d’adresser à tous ceux qui ne sont pas là ? Nous sommes là, nous croyons, nous prions, nous témoignons, nous lisons les Ecritures, nous sommes même nombreux à nous confesser, par pitié, vous les prêtres, nourrissez-nous de profonds commentaires bibliques au lieu de nous assommer d’invectives !
3 commentaires
Chère Véronique,
Comme cela me peine aussi, ces attitudes de donneurs de leçon. Je vous admire dans votre persévérance. Ce ne sont même pas là des “homélies pour non-pratiquants” car aux premiers mots ceux-là s’enfuiraient, même si beaucoup ont une grande soif spirituelle : j’en rencontre dans mes sessions bibliques et je peux témoigner de cette soif – bien plus grande que ne le pensent certains clercs – chez ces chercheurs d’eau vive qui s’inscrivent à des retraites d’été. Cela me réconforte, comme de rencontrer ici et là, sur mes chemins de vacances, des messes toutes simples dans des endroits inattendus. Bien à vous. Monique
Je suis bien d’accord avec toi.Les personnes qui viennent à la messe, même si elles sont âgées (comme moi) font partie de personnes qui ne rentrent pas dans les catégories que tu pointes et la culpabilisation, moi aussi j’en ai assez. Assez aussi de vouloir toujours moraliser l’évangile. Il y a tellement plus…
Oui Catherine, j’ai eu hier une discussion passionnante avec ma fille de 25 ans qui a une foi très touchante, fondée sur Jésus, sa Parole et les témoignages forts qu’elle en a eus dès l’enfance, mais elle me rapporte que l’image de l’Eglise catholique est désastreuse dans sa génération, toutes confessions religieuses confondues. Les jeunes ne peuvent plus adhérer à des discours uniquement moralisateurs sur la nécessité du mariage à l’Eglise etc, à une époque ou tout est tellement fluctuant voire anxiogène autour d’eux…