Toute Sagesse vient du Seigneur, et demeure auprès de lui pour toujours.
Le sable des mers, les gouttes de la pluie, et les jours de l’éternité, qui pourra en faire le compte ?
La hauteur du ciel, l’étendue de la terre, la profondeur de l’abîme, qui pourra les évaluer ?
Avant toute chose fut créée la sagesse ; et depuis toujours, la profondeur de l’intelligence.
La source de la sagesse, c’est la parole de Dieu au plus haut des cieux. Ses chemins sont les commandements éternels.
La racine de la sagesse, qui en a eu la révélation, et ses subtilités, qui en a eu la connaissance ?
La science de la sagesse, à qui fut-elle manifestée, et qui a profité de sa grande expérience ?
Il n’y a qu’un seul être sage et très redoutable, celui qui siège sur son trône. C’est le Seigneur,
lui qui a créé la sagesse ; il l’a vue et mesurée, il l’a répandue sur toutes ses œuvres,
parmi tous les vivants, dans la diversité de ses dons, et ceux qui aiment Dieu en ont été comblés.
Livre de Ben Sira 1, 1-10
Je suis loin d’apprécier tout le Livre de Ben Sira (appelé encore Ecclésiastique). La première fois que je l’ai lu, je ressentais même de la colère que le Concile de Trente l’ait rendu canonique. Il y a dans ces pages des mentions relatives aux femmes qui sont proprement scandaleuses (chapitres 9, 22, 25, 26 et 36 par exemple). La femme y est d’ailleurs toujours un personnage secondaire, possession d’un père ou d’un mari, et non pas personne à part entière susceptible en outre de lire un jour ces lignes et d’en penser quelque chose ! Beaucoup de misogynie, donc, dans ce livre, après la lecture duquel on ne devrait jamais avoir à prononcer à l’ambon les mots “Parole du Seigneur”. Ce sont les mots de Ben Sira, inspiré par l’Esprit dans certains chapitres, et dans d’autres, bassement humain et patriarcal.
Cela étant dit, j’aime assez certains passages qui évoquent la sagesse, tout comme j’apprécie le Livre de la Sagesse. Ben Sira, à plusieurs reprises, semble ne pas prendre lui-même la mesure de ce qu’il avance. A-t-il saisi d’où lui venait le besoin de parler de la sagesse au féminin ?
Je suis toujours étonnée que l’Eglise catholique ait pris le parti de considérer Jésus comme la “personnification de la Sagesse”. Jésus est le Verbe de Dieu, c’est-à-dire sa Parole donnée aux habitants de la terre, mais pourquoi ne pas voir la Sagesse comme son vis-à-vis féminin, que lui a véritablement connue, fréquentée, comprise, assimilée ? Dire que Jésus est la personnification de la Sagesse, c’est un peu comme dire que Jésus est à la fois l’Epoux et l’Epouse, à la fois Salomon et celle qu’il demande à Dieu dans un grand désir, à la fois le Bien-Aimé et la Bien-Aimée du Cantique des cantiques ! Cela finit pas ne plus avoir beaucoup de sens…
C’est bien plus cohérent et beau de voir en notre Dieu Trinité les trois Personnes qu’Il représente : Lui-même, créateur absolu, et ses deux engendrés : le Verbe, et la Sagesse. Nous connaissons désormais bien le Verbe. A chacun de la découvrir, elle, la Sagesse.