« Seigneur, tu m’as fait savoir, et maintenant je sais, tu m’as fait voir leurs manœuvres.
Moi, j’étais comme un agneau docile qu’on emmène à l’abattoir, et je ne savais pas qu’ils montaient un complot contre moi. Ils disaient : « Coupons l’arbre à la racine, retranchons-le de la terre des vivants, afin qu’on oublie jusqu’à son nom. »
Seigneur de l’univers, toi qui juges avec justice, qui scrutes les reins et les cœurs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai remis ma cause. »
Jérémie 11,18-20
Textes liturgiques©AELF
On aurait tort de voir en cet extrait biblique une demande à Dieu de châtiment pour ses persécuteurs de la part de Jérémie. Un prophète persécuté – et Jérémie en est le meilleur représentant dans le Premier Testament, le précurseur du Christ – demande avant toute chose la justification pour lui par le Père, et la gloire qui lui revient auprès de Lui, pas forcément au cours de sa vie terrestre, mais au moins pour son éternité qui ne peut être que bienheureuse. Et la revanche qu’il désire être infligée à ses persécuteurs, ce n’est pas autre chose que la confusion pour eux de voir la parole du prophète enfin prise au sérieux, consignée, méditée, prise en exemple, traduite en d’autres langues… Tous les prophètes – tous moqués et persécutés – de la Première Alliance ont fini par être reconnus, leurs persécuteurs ont été balayés comme la paille au vent et les croyants méditent encore aujourd’hui, des siècles voire des millénaires plus tard, leurs prophéties, qui ne sont pas toutes arrivées à achèvement.
N’allons pas imaginer qu’à travers les âges, l’Eglise s’est mieux comportée que les responsables religieux de la Première Alliance. Hildegarde de Bingen n’a été canonisée que 1000 ans après sa mort, Jeanne d’Arc a été abandonnée et livrée par l’Eglise à ses bourreaux, les béguines du Moyen-Age ont toutes été soupçonnées du pire par Rome et de nos jours encore, on conteste la sainteté de l’admirable Hadewijch d’Anvers, jugée trop gênante dans ses visions mystiques pourtant si criantes de vérité. Je pourrais ajouter que sans un petit miracle, l’Inquisition aurait brûlé tous les livres de sainte Thérèse d’Avila. Pour ce qui est des persécutions contemporaines de “lanceurs d’alerte” au sein de l’Eglise catholique romaine, l’actualité en parle mieux que moi.
Je me permets donc aujourd’hui de faire mienne la supplique de Jérémie. Dans le secret de mon oraison, je sais que Dieu me justifiera, et dans peu de temps. Et qu’ils seront bien marris, tous ceux qui m’ont considérée comme folle, illuminée au sens méprisant du terme, idiote au passage – les “libres penseurs”-, jouet du démon – une certaine Eglise qui adore la Gospa de Medjugorje et vénère Maria Valtorta – ou encore mauvaise chrétienne qui tout de même, est divorcée – ô scandale ! – et ose contester le catéchisme et la sacro-sainte théologie de Jean-Paul II.
Dieu reconnaîtra les siens.