En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.
Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère :
on aura pour ennemis les gens de sa propre maison.
Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;
celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.
Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera.
Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste.
Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »
Lorsque Jésus eut terminé les instructions qu’il donnait à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et proclamer la Parole dans les villes du pays.
Matthieu 10,34-42.11,1
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
On ne méditera jamais assez ces avertissements de Jésus à ses disciples. Certes, ce sont des paroles qu’il n’a pas données aux foules de son temps, mais elles n’en sont pas moins porteuses de sens pour tout chrétien tant qu’il vit dans le monde.
Je suis toujours étonnée que des chrétiens, et parmi eux les plus hauts en responsabilités ecclésiales, puissent s’imaginer que la paix promise au Royaume de Dieu advienne un jour sur terre. Non, Jésus a bien averti ses disciples : il n’est “pas venu apporter la paix, mais le glaive”. Non pas que Jésus nous arme la main pour combattre nos ennemis et les siens : bien au contraire, il désarme ses amis face à la persécution : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges. Mais alors, comment s’accompliraient les Écritures selon lesquelles il faut qu’il en soit ainsi ? » Matthieu 26, 52-54
Les Ecritures, c’est désormais aussi la Parole de Jésus. Et il faut qu’elle s’accomplisse, jusqu’à ce qu’il revienne glorieux. Et ainsi, c’est au glaive que les chrétiens sont confrontés jusqu’à ce jour béni du retour de leur seul Maître. Le glaive dressé contre eux, et non l’inverse, selon la volonté du Seigneur. Accepter ce martyre dans la foi, c’est prendre sa croix, perdre sa vie, au sens propre ou au sens figuré, à cause du témoignage de Jésus. Demeurer chrétien envers et contre tout : ne pas renier le Christ et son Evangile, ne pas se compromettre en concessions avec les ennemis de sa Parole.
Alors bien sûr, il y a des justes qui s’ignorent acteurs de l’Evangile mais qui, sans le savoir, le mettent jour après jour en œuvre par la charité et le respect d’autrui, dans l’humilité. Nous pouvons avoir confiance pour eux en la promesse du Verbe : ceux-là ne perdront pas leur récompense. De même que tous ceux qui ne donnent pas à boire du vinaigre à celui ou celle qui souffre au nom du Christ, mais un verre d’eau fraîche.
Quant aux chrétiens qui s’imaginent que la paix et la concorde surviendront encore sur cette terre à force de relativisme quant au témoignage de Jésus et de compromission avec toute autre doctrine, qu’ils méditent les dernières pages de l’Apocalypse : la terre nouvelle sous les cieux nouveaux n’apparaît qu’après une âpre lutte au cours de laquelle il s’agit de ne jamais renier sa foi.
Image : L’arrestation du Christ FRA ANGELICO XVe Fresque Museo di San Marco, Florence