Malheur à moi, ô ma mère ! Pourquoi m’avoir enfanté, moi qui suis un élément de contestation et de dispute pour tout le pays ? Je ne suis le créancier ni le débiteur de personne, et pourtant tout le monde me maudit !
Quand je rencontrais tes paroles, Seigneur, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur, parce que ton nom a été invoqué sur moi, Seigneur, Dieu de l’univers.
Jamais je ne me suis assis dans le cercle des moqueurs pour m’y divertir ; sous le poids de ta main, je me suis assis à l’écart, parce que tu m’as rempli d’indignation.
Pourquoi ma souffrance est-elle sans fin, ma blessure, incurable, refusant la guérison ? Serais-tu pour moi comme un ruisseau décevant, aux eaux intermittentes ?
À tout cela le Seigneur répondit : « Si tu reviens, si je te fais revenir, tu reprendras ton service devant moi. Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est méprisable, tu seras comme ma propre bouche. C’est eux qui reviendront vers toi, et non pas toi qui reviendras vers eux.
Je te dresserai devant ce peuple comme un rempart de bronze infranchissable ; ils te combattront, mais ils ne pourront pas te vaincre, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer.
Je t’arracherai à la main des méchants, je te délivrerai de la poigne des violents. Parole du Seigneur. »
Jérémie 15, 10.16-21
Quel enseignement dans ce passage sur la relation qu’entretient un prophète avec Dieu, et Dieu avec son prophète !
Jérémie “dévore la parole de Dieu”, elle fait “les délices de son coeur” ; contrairement aux faux prophètes, ce n’est pas dans sa propre logohrrée que Jérémie se complaît. Par contre, il reconnaît bien le Dieu qui lui parle dans le Dieu des Ecritures. Et Jérémie souffre, parce qu’il voit l’épaisseur du péché tout autour de lui, ce que saint Jacques plus tard décrira dans son Epître, au chapitre 3, verset 8 “Mais la langue, aucun homme ne peut la dompter : c’est un fléau qu’on ne peut arrêter ; elle est remplie d’un venin mortel.”
De ces péchés de langue, Jérémie est indigné. Et il souffre de se sentir seul, comme abandonné par Dieu, alors qu’il s’est attiré la haine de tout son peuple par obéissance.
Alors le Seigneur revient vers son prophète et le console. Il le réconcilie avec lui. Il l’encourage, lui promet sa protection, lui ouvre des perspectives optimistes.
Si Dieu est avec lui, que peut encore craindre Jérémie ?
Image : Le prophète Jérémie Michel-Ange