Jusqu’à la fin de mon adolescence, je l’ai entendue chaque dimanche à la messe. Elle m’était familière. Puis vint le temps du doute, mais l’Evangile était profondément enraciné en moi. A la vingtaine, je l’ai acheté, relu en entier. Aucune sagesse, aucune philosophie ne me parlait davantage que cette parole-là. J’avais beau douter de tout ce qui avait été construit autour d’elle, cette parole, je la gardais, et souvent, même sans m’en apercevoir, elle me guidait dans mes attitudes au quotidien. Tout ce qui m’insupportait dans la vie était ce qui s’opposait à cette parole.
Vint le temps de la foi retrouvée, et un appétit immense pour la Bible. Cette fois j’achetai la TOB, et je la lus avec voracité, pas dans l’ordre chronologique, mais souvent, partant du Nouveau Testament, j’allais retrouver dans l’Ancien toutes les références qui y étaient faites en suivant les notes. Et, souvent éblouie, je lisais certains Livres en entier. J’avais la chance d’avoir un peu de temps pour moi à cette période, j’étais en congé parental.
En reprenant l’habitude de la pratique dominicale, je me suis mise aussi à lire les textes de la liturgie quotidienne, et je les méditais à l’aide des petits carnets de méditations bibliques de la revue “Panorama”, qui étaient dans ces années-là rédigées par les moines bénédictins de la Pierre-qui-Vire. Et par un mystère dont Dieu seul a le secret, chaque jour, j’étais profondément, intimement rejointe dans ce que je vivais par ces lectures et ces méditations. Au point que je me suis toujours astreinte à ne jamais les lire à l’avance, pour accueillir chaque jour ce que Dieu allait me donner, d’autant plus que je vivais une période très douloureuse de ma vie.
Quand j’eus le bonheur d’échanger pendant quelque temps une correspondance avec l’un des moines rédacteurs de ces méditations, il m’écrivit :
“Vous avez raison de faire comme les Hébreux dans le désert – ils ne ramassaient la manne que pour leur aujourd’hui, qui est l’aujourd’hui de Dieu.”
Conseil que je n’ai jamais oublié, et chaque jour la manne de la Parole de Dieu, en la liturgie de l’Eglise catholique, me rassasie.