Quant à vous,
l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous,
et vous n’avez pas besoin d’enseignement.
Cette onction vous enseigne toutes choses,
elle qui est vérité et non pas mensonge ;
et, selon ce qu’elle vous a enseigné,
vous demeurez en lui.
1 Jean 2, 27
Jean nous fait comprendre ici qu’il n’en va pas de la foi chrétienne comme d’un enseignement catéchétique ou universitaire. D’où vient que l’Eglise catholique elle-même se mette souvent en porte-à-faux avec cette affirmation du disciple évangéliste, en outre ami le plus proche de Jésus ?
Depuis plus de vingt ans que je suis revenue à la foi et qu’elle est le moteur essentiel de ma vie, j’ai entendu de la part des clercs toutes sortes de recommandations :
– Il ne faut pas lire la Bible seul, on doit la lire en Eglise, partager à son sujet en groupes de fidèles.
– Ne pas se fier à ses intuitions spirituelles, les vérifier à la lumière du magistère catholique.
– Une intuition spirituelle qui contredit la doctrine catholique ne vient pas de Dieu.
– Une personne qui une vie mystique doit obligatoirement avoir un directeur spirituel, seul capable de discerner ses inspirations.
– Si on a des inspirations spirituelles qui contredisent la doctrine, on doit les taire pour ne pas choquer la foi des fidèles.
– Il est bon de se former en théologie : accompagnement catéchétique, cycles de formation en université catholique…
Je pourrais encore allonger la liste.
Je me rends compte, à l’établir ainsi, que j’ai su résister bon an mal an à toutes ces pressions que j’ai subies depuis vingt ans. Souvent, les clercs n’étaient pas capables de répondre à mes questions quand je leur en posais encore. “Tu poses des questions bien difficiles”, m’avait écrit un ami alors moine. De l’éviction à la non-réponse, j’ai connu toute la palette des attitudes d’évitement.
Mon entourage catholique a été un temps réconforté de me savoir soignée en psychiatrie. Ouf, je dysfonctionnais, donc eux étaient dans le juste et n’avaient plus à se remettre en question ! Tout rentrait dans l’ordre, la “folle du logis” était officiellement reconnue malade psychique, on pourrait la faire taire définitivement. Un problème en moins…
Il se trouve que je suis un peu plus persévérante que cela.
Il se trouve que, quand presque toutes les créatures m’ont abandonnée, le Christ, lui, est resté intensément à mes côtés, et a continué à m’enseigner, patiemment, jour après jour, pas après pas, par la puissance de l’Esprit Saint. Cette onction même qu’évoque saint Jean dans son Epître citée ci-dessus. Alors, devrais-je croire prioritairement les gardiens du dogme catholique et négliger l’enseignement du Christ et la vérité des Ecritures ?
Profondément et par toute ma vie, j’ai pu vérifier que les Evangiles étaient absolument véridiques, comme les Prophètes du Premier Testament et la grande majorité des écrits du Nouveau. Le Christ Jésus de mon oraison est absolument conforme à celui des Ecritures canoniques. Je crois en Lui et je crois au Père, l’Eternel de nos frères aînés juifs dans la foi. Je crois en l’onction de l’Esprit Saint, et je ne pense pas l’usurper : dans l’Eglise catholique, je suis baptisée depuis mon plus jeune âge, confirmée dans une grande foi à 13 ans, consacrée au Seigneur Jésus depuis plus de huit ans par un vœu béni par un prêtre et renouvelé depuis chaque année en confession. On aura du mal à me prendre en défaut d’amour pour le Seigneur et de fidélité à mon baptême. Et je vais à la messe où je communie dans une grande foi plusieurs fois par semaine.
Alors une fois pour toutes, j’aimerais affirmer que je ne suis pas moins légitime à parler au nom de Dieu qu’un prêtre ou un diplômé en théologie. Ce que j’écris, je le puise à la source de l’Esprit.
L’onction que j’ai reçue de lui demeure en moi, et je n’ai plus besoin d’enseignement fût-ce le rabâchage de la doctrine catholique qui comporte, je le redis, bien des erreurs. Surtout au sujet de la Vierge Marie.