En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »
Matthieu 23, 1-12
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
L’évangile d’aujourd’hui m’incite à exprimer un petit agacement que j’ai déjà évoqué ici ou là. La Parole de Jésus pourrait bien aujourd’hui me donner raison.
Je trouve que nous sommes à une époque, en Eglise et hors de son cadre, qui survalorise les diplômes en théologie. Quand tel prêtre s’exprime ou est cité, on s’empresse de détailler son cursus universitaire. Que dire alors des laïcs et surtout des femmes qui s’expriment publiquement! Tout se passe, dans les débats contemporains – médias, réseaux sociaux… – comme si on ne pouvait donner la parole en matière de foi, d’interprétation des Ecritures et d’organisation de l’Eglise qu’à des titulaires d’un Master, DEA ou aux Docteurs en ceci ou cela. C’est devenu tellement naturel que les arguments des non universitaires ne sont plus sollicités, voire se retrouvent balayés d’un revers de la main dans tout échange. Les grandes voix féminines du catholicisme et du protestantisme sont sur-diplômées et écoutées en raison de leurs compétences intellectuelles et de leur cursus professionnel davantage que pour la pertinence de leurs prises de position.
Disant cela, je vais encore me faire des ennemi(e)s. Peu m’importe. Je voudrais simplement souligner qu’au XXIe siècle, avec cette mode du diplôme universitaire en théologie, on contredit le Christ lui-même :
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Qu’a voulu nous enseigner Jésus, sinon qu’avec une confiance totale en Lui, l’Esprit Saint nous serait donné pour comprendre Ses mystères et les exigences de l’évangélisation, comme cela fut le cas pour l’Apôtre Paul à la suite de tous les disciples, pour les évangélistes, pour de nombreux Docteurs de l’Eglise qui n’avaient aucune formation universitaire comme Catherine de Sienne – illettrée – Hildegarde de Bingen ou les deux Thérèse ?
Dans les débats sur les réseaux sociaux, je suis souvent rabrouée au nom de ma prétendue ignorance. Que l’on sache que je ne suis aucunement frustrée d’un diplôme universitaire en théologie. Ma paroisse m’avait même proposé de me former il y a quelques années, mais j’avais décliné par souci de ne pas négliger mon devoir d’état d’institutrice et de maman. Et je n’ai d’ailleurs aucune envie d’entreprendre ce genre de cursus car je n’ai qu’un seul maître, le Christ. On m’a déjà répliqué sur un ton narquois : “Vous avez donc une ligne directe avec Dieu ? ”
Eh bien oui, messieurs et mesdames les diplômé(e)s, le Christ Jésus m’enseigne dans mon oraison, et ce depuis vingt ans et pas cinq minutes, j’ose l’affirmer aujourd’hui. Et ce Jésus Christ-là n’a rigoureusement aucune différence avec celui des évangiles, c’est à cela que je le reconnais comme véridique. Ce n’est pas par fondamentalisme, un grand mot que l’on aime bien m’opposer, que je crois aux Ecritures : c’est par amour pour Celui qui s’y fait connaître tel qu’il a été et tel qu’il est encore. Et il lui plaît que je ne sois rien sur la scène ecclésiale. D’un rien, le Seigneur sait modeler un témoin à son image, lui qui n’a jamais étudié auprès d’aucun maître sinon son Père, dans sa propre prière.
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Ce qu’il faut, c’est revérifier l’hypothèse de la religion, et pour cela, lire, à mon avis, : “Le Message Retrouvé” de Louis Cattiaux.