En ce temps-là, Jésus disait aux foules :
« Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ.
Ou encore : Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines.
Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle. »
Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.
Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien.
Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes
et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
« Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui ».
Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
Matthieu 13, 44-52
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
La conclusion de Jésus dans cet évangile me fait tristement sourire : je viens de lire sur le net un certain nombre d’homélies sur les textes du jour, et elles me laissent le goût amer d’un ressassage de bonnes paroles catholiques déjà cent fois entendues : le Royaume advient ici-bas quand nous nous préoccupons plus de justice que de biens et de titres honorifiques ; nous devons chérir la Parole de Dieu dans ce monde d’informatique, de robotique, d’électronique (je vous laisse poursuivre cette liste chère à nos prédicateurs…) ; nous devons quitter nos sécurités matérielles pour suivre le Christ ; on trouvera Dieu en travaillant le sol de sa vie intérieure ; il y a en chacun de nous du bon et du méchant, à nous de faire le tri en priorisant nos attitudes, etc.
Tout cela est bien gentillet, mais qui ose prêcher sur la troisième parabole ? Qui ose reprendre les mots de Jésus sur les “pleurs et les grincements de dents” ? Oh, cela ne cadre pas avec le profil doucereux du bon Jésus tout amour et tout miel ! L’interprétation catholique officielle, c’est donc que Dieu, dans son amour, ne forcera personne à accepter son salut. La qualification de “juste” ou d’ “injuste” est curieusement balayée. Tout le monde au paradis, sauf ceux qui, bof, n’en auront finalement pas envie !
Je me demande si nos prédicateurs ont vraiment conscience que les pratiquants fidèles qui les écoutent poliment à la messe sont aussi des disciples du Royaume des Cieux qui aimeraient bien que l’on tire du trésor de la Parole de Dieu du neuf, et pas que du convenu déjà cent fois rabâché. Les homélies catholiques sont la plupart du temps tellement prévisibles ! A croire qu’il existe du “catholiquement correct”, et que c’est la raison pour laquelle le Vatican vient encore d’affirmer que seuls les clercs étaient habilités à prêcher en paroisse. Formatages en séminaire et en formation de diacre apparemment indispensables pour pouvoir commenter la Parole de Dieu…
Eh bien, étant sur le libre espace d’expression qu’est ce site, je me permets de dire le neuf que je tire de ces lectures du jour. Nous savons que la prière de Salomon a plu au Seigneur, et qu’Il lui a accordé la grâce de la sagesse et du discernement. Salomon n’était ni prêtre, ni scribe, il était roi d’Israël. Mais dans sa prière sincère et totalement désintéressée, il a été exaucé.
Je me souviens qu’il y a plus d’une vingtaine d’années, je réclamais à cor et à cri, dans ma prière alors bien pauvre, la foi. Je disais aussi à Dieu :
“Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour Toi, et je le ferai.”
L’Eglise bien sûr s’en est mêlée, tentant de me faire croire que Dieu lui-même me parlait à travers elle en me sollicitant pour la catéchèse des enfants ou la réunionnite en paroisse. Et de me laisser avec un pesant sentiment de surdité et d’orgueil quand je déclinais ces demandes opportunistes ne correspondant en rien à mes charismes personnels.
Il m’en a fallu de la foi, oh oui, et combien en ai-je reçue, pour discerner que ces services paroissiaux n’étaient pas la volonté de Dieu sur moi ! Et il m’en a fallu des encouragements de l’Esprit dans la prière pour persévérer sur la voie de mes propres dons : l’intelligence des Ecritures et des situations, et la facilité à m’exprimer par l’écriture…
Alors aujourd’hui, j’ose le réaffirmer, quand bien même j’aurais tous les prêtres “prudents” qui n’osent jamais l’évoquer contre moi : la fin du monde dont parle Jésus n’est pas une idée abstraite, mais elle correspond à la fin des pouvoirs terrestres et des divisions religieuses à son second avènement, lui, le Roi bien plus glorieux encore que Salomon ! Ce temps n’est pas une apocalypse cinématographique dont quelques héros terrestres pourraient nous sauver. Non, ce temps, qui est désormais tout proche, c’est celui de la descente sur toute âme quelle qu’elle soit de l’Esprit de Vérité, et ce non pas pour instaurer par nous-mêmes ici-bas un éden facile, mais bien pour prendre conscience, chacun et de manière incontournable, de tout ce qui aura été, en soi et dans sa propre vie, de l’ordre de la justice ou de l’injustice. Prise de conscience infiniment clairvoyante et forcément douloureuse qui en laissera certains anéantis pour un bon moment.
Et alors seulement, il s’agira de reconnaître du fond du cœur sa Royauté au Christ, et dans le même mouvement, d’accepter de rendre hommage à la “reine du Midi” qui se tiendra à son bras et dans la haine de laquelle nul ne pourra entrer au Royaume de Dieu, ce véritable Eden qui ne sera pas du tout sur cette première création définitivement déchue, mais sur une “terre nouvelle sous des cieux nouveaux” à laquelle on accèdera en prenant part au royal cortège nuptial. Il va sans dire que faisant cela, tous les rachetés laisseront à ce moment-là derrière eux absolument toutes leurs possessions et qualifications terrestres, de même que tout ce qui aura été erroné dans leurs croyances.
Et quant à tous ceux qui préfèreront leurs certitudes et leurs petits pouvoirs terrestres à la Royauté du Christ, eh bien, ils pourront rester sur cette terre désormais vide de tous les justes. Bien vite, ils en auront fait eux-mêmes leur propre enfer, pour la plus grande joie du “prince de ce monde” qui bien sûr y demeurera pour toujours lui aussi avec eux.
“Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.”
Image : Le jugement dernier Jean Cousin le Jeune XVIe