En ce temps-là, Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Luc 6, 20-26
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Souvent, je pense au Royaume des Cieux. Oh, non pas au Ciel de la première résurrection, celui où vont présentement déjà les plus saints d’entre nous, pour un intermède d’intercession, à la manière de sainte Thérèse de Lisieux qui disait avant sa mort : “Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre.” Intention magnifique qui rejoint celle de tous les bienheureux dans ce Royaume provisoire, en attente de la manifestation glorieuse de Notre Seigneur Jésus Christ.
Pour le moment, le Royaume, c’est ce Ciel-là, celui dont Jésus disait :
Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans les cieux.
Marc 12, 25
Ce Ciel d’intercession existe présentement, mais ce n’est pas encore le Royaume de Dieu auquel tout croyant aspire. Pour que ce Royaume-là advienne, il faut d’abord que nous parvenions aux temps eschatologiques, au second avènement du Christ Jésus notre Roi. Alors chaque âme sera jugée selon ce qu’aura été sa vie terrestre par rapport aux Béatitudes de Luc ci-dessus ou celles de Matthieu 5, 1-12. Le Seigneur n’aura point besoin d’être assis sur un fauteuil de juge dans un tribunal : le feu de l’Esprit descendra sur toute âme en grande puissance pour lui faire connaître intimement en quoi sa vie a été conforme aux commandements de Dieu, et en quoi elle a lourdement offensé le Père et nui à son prochain. Il sera absolument impossible de se dérober à cette prise de conscience universelle et sans doute extrêmement douloureuse, pour chacun, face à son propre péché.
Sans doute restera-t-il un temps de miséricorde possible pour qui fera preuve d’un repentir sincère. Le Dieu de justice et de miséricorde désire qu’aucune de ses créatures ne se perde. Mais il ne pourra rien pour ceux qui ont possédé la terre, ses richesses, ses pouvoirs, ses séductions et une renommée et qui désireront encore avant toute chose demeurer sur cette première création, lieu de leur prospérité, qu’ils continueront à chérir plus que le Royaume de Dieu promis. Dieu dans sa justice la leur abandonnera puisque ce sera là leur désir ultime. Gageons que cette terre vidée de tous les justes deviendra promptement un enfer, rendant toute possession amère et inutile.
De leur côté, les rachetés suivront dans la jubilation leur Roi de Gloire vers la terre nouvelle sous les cieux nouveaux, qui ne sera plus un ciel d’intercession peuplé de créatures angéliques, mais bien une terre de bonheur et d’équité cette fois, un Eden dans lequel n’entreront ni pauvreté, ni faim, ni larmes, ni deuil, ni persécution pour avoir dit et fait la vérité. Au Royaume de Dieu, on n’entendra plus jamais la louange de ceux qui ont fait œuvre de mensonge, et si les faux prophètes y entrent, ce sera profil bas et pour un humble anonymat d’éternité.
Ce Royaume-là sera la terre de tous les possibles, dans la concorde et l’allégresse, et pour l’inaugurer, on fêtera dans la liesse les noces de l’Agneau qui a accepté si longtemps de se tenir éloigné de sa bien-aimée fiancée. Alors, elle aussi, elle resplendira enfin dans la gloire des justes qu’aucun faux prophète, jamais, n’a su discerner pertinemment.
Image : Le Paradis Rodolfo Arellano