Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
Philippiens 2, 6-11
Cet extrait de l’Epître aux Philippiens est si beau qu’on n’en aura jamais épuisé la richesse. Il nous révèle Jésus ayant la condition de Dieu, si d’aucuns doutaient encore qu’il soit vraiment son Fils. Cette conscience d’être le Fils de Dieu, de rang égal à Lui, est sans doute venue à Jésus progressivement au cours de sa vie cachée à Nazareth. Il a dû interroger et interroger encore les Ecritures et son Père dans la prière afin de comprendre qui il était, lui qui a toujours dû se sentir différent de ses frères et des autres hommes de son entourage. Etre sans péché, ce n’est pas banal quand on est un homme ! Toute l’Ecriture, qui fait certes la part belle aux hommes dans ces temps de patriarcat extrême, nous décrit des hommes en proie au péché, depuis Caïn qui tue son frère Abel par jalousie jusqu’à Hérode qui fait assassiner les nourrissons d’âge proche de celui de Jésus, en passant par David qui fait abattre à la guerre le mari de la femme de sa convoitise. Aucun homme de la Bible n’est épargné, pas même Abraham qui se sert de la servante de sa femme pour devenir père ni Joseph qui envisage de répudier Marie faute de la croire vraiment enceinte par un profond mystère divin. Le péché, ce dénominateur commun de tous les hommes depuis Adam n’affecte pas Jésus, et lui seul, dans son identité masculine.
C’est pourquoi je pense que Paul a profondément raison quand il souligne que Jésus était “reconnu homme à son aspect”. Oui, à son aspect ; il a pris chair de Marie sans géniteur masculin et Dieu son Père a dû lui procurer une apparence masculine pour qu’il ne soit pas lapidé dans cette société-là aussitôt qu’il aurait pris la parole. Jamais les hommes de ce temps n’auraient accepté de recevoir quoi que ce soit de Jésus s’ils n’avaient pu l’identifier comme étant des leurs.
Apparence masculine donc pour Jésus. Mais aucun homme autre que lui n’aurait pu faire preuve d’une telle humilité, occultant au maximum le fait qu’il soit Fils de Dieu et différent de tous. Aucun homme autre que lui n’aurait pu s’abaisser avec autant d’abnégation vers son inéluctable passion, se laisser condamner à mort et crucifier en ne dispensant que quelques rares paroles de vérité jusqu’à rendre l’esprit ; pas un mot de révolte ni de tentative de se justifier.
Alors aujourd’hui, il nous est offert en modèle, lui qui nous a donné l’exemple en toutes choses. Près du Père, il prend en pitié les pécheurs si différents de lui, mais aussi de manière éminente les victimes d’injustice comme lui-même l’a été. Et en ayant pris la condition de serviteur, il a aussi voulu rejoindre au plus près tant de femmes qui ne sont que la servante d’un mari, d’un père, d’un frère, d’un beau-père, d’un système économique aussi qui les broie et dénie leur humanité. Jésus s’est fait infiniment proche d’elles toutes, en renonçant sa vie durant à toutes ses prérogatives masculines. C’est pourquoi il nous est si naturel, à nous femmes, de l’aimer infiniment.
1 commentaire
Je crois qu’on tient dans ce texte une splendide forme d’adoration devant la merveille de l’incarnation divine.
Scandale pour les puissants dont la superbe est bafouée.
Espérance pour les faibles, les petits, les pauvres car ce Dieu incarné leur est proche : “Père, je te rends grâce parce que tu l’as révélé aux plus petits…”
Honneur pour les humains de savoir que le Créateur a accepté de donner son fils pour nous sauver de notre suffisance.
Mais pourquoi les hommes cherchent-ils tant dénier aux femmes cette prééminence dans les évangiles?