Venez, retournons vers le Seigneur !
il a blessé, mais il nous guérira ;
il a frappé, mais il nous soignera.
Après deux jours, il nous rendra la vie ;
il nous relèvera le troisième jour :
alors, nous vivrons devant sa face.
Efforçons-nous de connaître le Seigneur :
son lever est aussi sûr que l’aurore ;
il nous viendra comme la pluie,
l’ondée qui arrose la terre.
– Que ferai-je de toi, Éphraïm ?
Que ferai-je de toi, Juda ?
Votre fidélité, une brume du matin,
une rosée d’aurore qui s’en va.
Voilà pourquoi j’ai frappé par mes prophètes,
donné la mort par les paroles de ma bouche :
mon jugement jaillit comme la lumière.
Je veux la fidélité, non le sacrifice,
la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.
Osée 6, 1-6
Textes liturgiques©AELF
Je ne vais pas faire un commentaire savant sur ces versets d’Osée, l’un des Prophètes qui me touchent le plus. Simplement dire à quel point ces prophéties me semblent actuelles, oh pas de nos jours contre les peuples de la première Alliance, ce qui constituerait pour nous chrétiens un raccourci bien trop confortable, mais bel et bien pour nous aussi chrétiens et les institutions que nous nous sommes données. Il faut lire et méditer les chapitres 4 et 5 d’Osée qui précèdent l’extrait ci-dessus. Dieu n’y est pas tendre du tout ! Il y évoque les crimes de son peuple et de ses prêtres, et y est particulièrement virulent contre eux justement :
Écoutez la parole du Seigneur, fils d’Israël, car le Seigneur est en procès avec les habitants du pays : il n’y a, dans le pays, ni vérité ni fidélité, ni connaissance de Dieu, mais parjure et mensonge, assassinat et vol ; on commet l’adultère, on se déchire : le sang appelle le sang.
C’est pourquoi le pays est en deuil, tous ses habitants dépérissent, ainsi que les bêtes sauvages et les oiseaux du ciel ; même les poissons de la mer disparaissent. Mais que nul n’accuse, que nul ne réprimande : Prêtre, c’est avec toi que je suis en procès ! Tu trébuches le jour, le prophète aussi trébuche avec toi la nuit ; je réduirai ta mère au silence, et mon peuple, faute de connaissance, sera, lui aussi, réduit au silence. Puisque tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai et tu ne seras plus mon prêtre ; puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, à mon tour, j’oublierai tes fils.
Tous, tant qu’ils sont, ils ont péché contre moi : je vais changer leur gloire en infamie.
Ils se repaissent du péché de mon peuple et vers leur faute ils portent leur désir.
Il en sera du prêtre comme du peuple : je sévirai contre lui à cause de sa conduite et je lui revaudrai ses actions.
Osée 4, 1-9
Ne serait-ce pas un peu facile de dire que par la venue, la mort et la résurrection de Jésus, Dieu a tout pardonné et que désormais, les baptisés et les prêtres sont sanctifiés et assurés de la mansuétude de Dieu pour toutes leurs fautes pourvu qu’ils montrent un peu de contrition devant un confesseur ? Nous n’avons que trop constaté ces dernières années les ravages incalculables des abus sexuels et spirituels qui ont eu cours dans l’Eglise depuis des décennies et sans doute des siècles ! Nous n’avons que trop mesuré la blessure que constitue pour les victimes le fait de savoir que leurs prédateurs sexuels ou spirituels ont été couverts par l’institution ecclésiale jusqu’à son plus haut niveau, qu’ils sont demeurés impunis, tout au plus sanctionnés d’une petite mutation ou d’une reconduite à l’état laïc quand l’Eglise ne pouvait décemment plus masquer les faits !
Je trouve que le chapitre 4 d’Osée entre en résonance profonde avec cet état de fait.
Prêtre, c’est avec toi que je suis en procès ! (Osée 4, 4)
Ne tremblent-ils pas en lisant ces versets, ceux qui ont détruit l’innocence de mineurs ou organisé la décérébration de jeunes postulants ou consacrés?
On n’est certes plus à l’époque des prostituées sacrées, mais nos religieux et fondateurs de communautés nouvelles ont peut-être fait pire encore en détournant à leur profit les plus pures aspirations d’enfants et de jeunes à servir Dieu !
Alors je ne suis pas de ceux qui manient l’onctuosité en s’exclamant : “Dieu n’est qu’Amour !” et qui se pensent d’emblée absous de tout grâce au bon Jésus. Soyons un tant soit peu réalistes : l’ensemble des baptisés est-il réellement plus saint que ne l’étaient les peuples de la première Alliance ? Ne sommes-nous pas nous aussi une société en deuil, criblée de parjure, mensonge, assassinat, vol et adultère comme celle que dénonce le Prophète Osée au début de ce chapitre 4?
J’ai été accablée par l’actualité de ces derniers jours dans notre pays de France : voici que notre société est capable de générer des adolescents qui s’entretuent dans des rixes de quartier ou qui assassinent froidement une des leurs pour des motifs futiles de rancœurs “amoureuses” ou de mots mal placés. Où allons-nous donc ?
C’est trop facile pour l’Eglise de dénoncer “l’esprit du monde déchristianisé” en prétendant incarner la vertu et la solution aux maux de cette société quand elle-même, dans une bien trop large frange, n’a que trop démontré son hypocrite incapacité à vivre authentiquement l’esprit de l’Evangile. Ceux qui devaient être les témoins les plus lumineux du Christ se sont parfois montrés les fossoyeurs de sa Parole.
Alors personnellement, le Dieu qui a parlé par les Prophètes de la première Alliance ne m’incommode pas et je ne le trouve pas “méchant” par rapport à une conception par trop mièvre du Dieu Trinité des chrétiens. L’Eternel est éternel. Plein de miséricorde, certes, mais aussi de justice.
1 commentaire
Très vrai