Parole du Seigneur de l’univers :
Ainsi parle le Seigneur de l’univers :
J’éprouve pour Sion un amour jaloux,
j’ai pour elle une ardeur passionnée.
Ainsi parle le Seigneur :
Je suis revenu vers Sion,
et je fixerai ma demeure au milieu de Jérusalem.
Jérusalem s’appellera : « Ville de la loyauté »,
et la montagne du Seigneur de l’univers :
« Montagne sainte ».
Ainsi parle le Seigneur de l’univers :
Les vieux et les vieilles
reviendront s’asseoir sur les places de Jérusalem,
le bâton à la main, à cause de leur grand âge ;
les places de la ville
seront pleines de petits garçons et de petites filles
qui viendront y jouer.
Ainsi parle le Seigneur de l’univers :
Si tout cela paraît une merveille
aux yeux des survivants de ce temps-là,
ce sera aussi une merveille à mes yeux
– oracle du Seigneur de l’univers.
Ainsi parle le Seigneur de l’univers :
Voici que je sauve mon peuple,
en le ramenant du pays de l’orient et du pays de l’occident.
Je les ferai venir
pour qu’ils demeurent au milieu de Jérusalem.
Ils seront mon peuple,
et moi, je serai leur Dieu,
dans la loyauté et dans la justice.
Zacharie 8, 1-8
Le souffle qui traverse le Livre de Zacharie, du moins dans ses premiers chapitres, est certes celui de la reconstruction du Temple de Jérusalem après le retour de l’exil à Babylone au VIe siècle avant Jésus-Christ. Jérusalem est alors promise à une splendeur qu’elle avait perdue depuis longtemps. Mais il est aussi manifeste qu’il annonce les jours du règne de Dieu, auxquels nous ne sommes toujours pas parvenus quelque vingt-cinq siècles plus tard. Et le style du Livre de Zacharie, que l’on rapproche souvent de celui de l’Apocalypse de Jean, lui donne une portée eschatologique, notamment dans la figure du Roi définitif et du Transpercé qui ne peuvent que, nous chrétiens, nous faire penser au Christ Jésus.
Je crois personnellement profondément que les Prophètes de l’Ancien Testament recèlent encore des trésors de prophéties non accomplies à ce jour. On est donc en droit de se demander ce que représente Jérusalem dans une perspective eschatologique.
L’extrait ci-dessus montre de quel amour débordant elle est aimée de Dieu. En son contexte d’émergence, cette prophétie pouvait être reçue comme la restauration de la gloire de la ville de Jérusalem avec le Temple reconstruit en son sein. Mais aujourd’hui ? Nous chrétiens savons que le Temple véritable, c’est le Corps du Christ Jésus, «Détruisez ce temple, et, en trois jours, moi je le relèverai» (Jn 2, 19) et même, si nous avons part à son Esprit en tant que baptisés, chaque membre de son Eglise devient à son tour ce Corps, ce Temple dans lequel Dieu vient à notre rencontre par l’Esprit, pour que nous Le connaissions et témoignions de Lui en actes et en vérité à l’attention du monde.
Jérusalem en tant que ville n’est donc plus l’objet de la suréminente prédilection de Dieu. Ceux qui s’y disputent de nos jours la suprématie quartier par quartier en ont-ils conscience ? Douloureuse question qui cherche à se résoudre par les armes comme il y a tant de siècles, alors que le regard de Dieu s’est désormais posé ailleurs pour manifester sa gloire et l’accomplissement de toute promesse antique et eschatologique !
On a coutume de rapprocher la fille de Sion en Zacharie 2, 14-15 de la Vierge Marie qui accueillit le Messie en son sein.
Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi – oracle du Seigneur.
Ce jour-là, des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur ; elles seront pour moi un peuple, et j’habiterai au milieu de toi. Alors tu sauras que le Seigneur de l’univers m’a envoyé vers toi.
Mais force est de constater que malgré 2000 ans de christianisme, le monde ne vit toujours pas des préceptes de Dieu, et que le Royaume se cherche encore à tâtons, se manifestant ici ou là par bribes d’altruisme vrai et d’éclats de sainteté, cependant que le Prince de ce monde cherche par tous les moyens à dévoyer la foi authentique et à asservir les âmes à sa bassesse. Le combat est rude aujourd’hui entre forces du mal et foi active en l’Evangile.
Alors qui est, pour Dieu, Jérusalem aujourd’hui ? Pour qui éprouve-t-il un amour jaloux et une ardeur passionnée ?
Gageons que ce n’est ni pour un lieu géographique, ni pour une demeure de pierres, ni pour une Eglise donnée en raison du très grand morcellement des obédiences chrétiennes de nos jours.
Non, nous avons vu le Père accorder toute sa grâce à Marie mère de Jésus, puis mettre toute sa complaisance dans son Fils :
«Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie.» Matthieu 3, 17 (Baptême de Jésus) et encore «Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !» Marc 9, 7 (Transfiguration).
Alors s’Il brûle encore d’amour et de prédilection pour une Jérusalem aujourd’hui, ce ne peut être que pour une Personne élue par Lui et à laquelle Il confie ses ultimes secrets qui ne demandent qu’à venir au jour “pour la gloire de Dieu et le salut du monde”.
Source image : http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2005/clb_050617.htm