Comme s’accomplissait le temps
où il allait être enlevé au ciel,
Jésus, le visage déterminé,
prit la route de Jérusalem.
Il envoya, en avant de lui, des messagers ;
ceux-ci se mirent en route
et entrèrent dans un village de Samaritains
pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir,
parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent :
« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions
qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »
Mais Jésus, se retournant, les réprimanda.
Puis ils partirent pour un autre village.
Luc 9, 51-56
Textes liturgiques©AELF
Cet extrait d’évangile me donne des envies de le réécrire à l’aube du troisième millénaire. Il pourrait débuter ainsi :
Comme s’accomplissait le temps
où il allait revenir du ciel,
Jésus, le visage déterminé,
prit la direction de Béthanie.
Pourquoi Béthanie ? Parce que lors de l’événement de l’Ascension du Seigneur, quarante jours après sa Pâque, c’est là que se trouvaient les disciples (Luc 24, 50), et que la promesse du retour du Seigneur leur fut donnée (Actes des Apôtres 1, 9-11) :
Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient,
il s’éleva,
et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.
Et comme ils fixaient encore le ciel
où Jésus s’en allait,
voici que, devant eux,
se tenaient deux hommes en vêtements blancs,
qui leur dirent :
« Galiléens,
pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ?
Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous,
viendra de la même manière
que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »
Nous sommes donc en droit d’attendre fermement ce retour du Seigneur Jésus, cette fois dans sa gloire, et d’autant plus en ce troisième millénaire qui pourrait fort bien être celui de son second avènement, tout comme le troisième jour après la Pâque fut celui de sa résurrection. La deuxième Epître de Pierre nous rappelle bien ceci :
Pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c’est pour vous qu’il patiente : car il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir.
(2 Pierre 3, 8-9)
Et si, comme dans l’évangile d’aujourd’hui, le Seigneur envoie des messagers en avant de lui pour en avertir nos contemporains, ces Samaritains incrédules ont bien du mal à les accueillir car en vérité, ils n’ont même pas envie que le Christ revienne, tout occupés qu’ils sont de leurs possessions terrestres et de leurs petits pouvoirs qui les satisfont davantage qu’un possible accomplissement des Ecritures, enfin !
Mais là, observons bien la réaction de Jésus face à la menace proférée sur les Samaritains par Jacques et Jean qui voudraient qu’un feu tombe du ciel et les détruise : le Seigneur se retourne et les réprimande.
Pierre n’aurait-il pas succombé à la même tentation quand il écrit ceci ?
Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper.
2 Pierre 3, 10
Le disciple devenu évangélisateur a-t-il vraiment compris que le retour glorieux du Christ ne s’accompagne pas nécessairement d’une foudre destructrice de la planète, mais bien plutôt du feu intérieur de l’Esprit Saint qui saisira chaque âme sans aucune exception pour lui faire connaître avec lucidité en quoi elle a vécu selon les commandements de l’Evangile, ou au contraire selon une convoitise égoïste voire malfaisante ?
Voilà le feu qu’il faut craindre, l’embrasement réel qui nous attend.
Le cinéma apocalyptique a de nos jours complètement dévoyé le sens de la fin des temps. Ce n’est pas Dieu qui enverra des fléaux détruisant sa création, c’est l’homme cupide et inconséquent qui a déjà grandement détruit cette terre. Et la “fin du monde” n’est pas non plus un cataclysme géographique, mais bien plutôt une prise de conscience intérieure de tout ce que chacun, dans sa propre vie, a pu faire en bien ou en mal en direction de son prochain.
Alors pourront advenir “un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice” (2 Pierre 3, 13), soit le Royaume de Dieu promis depuis qu’Il a suscité des prophètes. Et celui-ci n’élira pas domicile sur la présente terre déjà grandement détruite par l’homme, mais ailleurs dans cet univers immense dont Dieu seul maîtrise tous les secrets.
Corrigeons donc la menace des disciples à l’aune de la volonté du Seigneur, qui ordonnera lui-même, à son retour glorieux, que le feu de l’Esprit descende sur toute âme non pas pour la détruire mais bien plutôt pour l’instruire de ce qu’a été sa vie terrestre sous le regard clairvoyant de la Trinité. Pour qu’enfin elle se convertisse.
Source image : https://www.lexpress.mu/article/une-boule-de-feu-aper%C3%A7ue-dans-le-ciel-r%C3%A9unionnais