“Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous !
Heureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés !
Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez !
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.Mais malheureux, vous les riches : vous avez votre consolation !
Malheureux, vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim ! Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c’est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes.
Luc 6, 20 – 26
Je ne me lasse pas de lire et de méditer les Béatitudes, que ce soient celles de Luc ou de Matthieu. Il y aurait bien des choses à dire.
Je n’y vois pas, comme on l’a parfois reproché à la foi chrétienne, une invitation à la résignation dans ce monde. Non, la religion n’est pas l’opium du peuple. Au contraire, on peut puiser dans les Evangiles et les Béatitudes en particulier une grande force de vie. Celle de ne jamais perdre son espérance.
Quand j’étais au plus noir de la dépression, ne voyant aucune issue heureuse possible à ma situation ( je me souviens d’avoir dit à mon médecin : “Je n’ai pas d’avenir”, c’était en 2001 et j’avais 37 ans ! ), je gardais au coeur la promesse de Jésus : Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez !
Je me disais que faute de retrouver un jour la joie de vivre, après ma mort, j’aurais au moins auprès de Lui consolation de mes torrents de larmes et de mon désespoir. Je désirais la mort mais je ne serais jamais passée à l’acte, parce que j’avais des enfants – et la foi.
J’ai dû passer les années suivantes par bien des souffrances crucifiantes encore. Mais les Béatitudes se sont réalisées dans ma vie sans que j’aie à attendre l’échéance de la mort : aujourd’hui, il ne se passe pas un jour sans que j’aie des occasions de rire de bon coeur. Et il est devenu bien rare que je pleure.
Alors je garde mon espérance pour toutes les autres Béatitudes aussi : que les hommes et les femmes de coeur sachent soulager ceux qui ont faim, que les pauvres comprennent qu’ils sont premiers dans le Royaume de Dieu – que ce soit dans leurs pauvretés matérielles, psychiques ou spirituelles – que viendra aussi un temps où l’on cessera de grincer des dents sur les forums catholiques quand j’avance une idée qui va à contre-courant et qui dérange les certitudes bien établies.
Au niveau de l’expérience spirituelle, je n’envie pas ceux dont tout le monde dit du bien. Se dire proche de Dieu en plaisant au monde est plutôt suspect à mes yeux. Je ne recherche jamais la flatterie, je ne la pratique pas non plus
La Parole du Christ est éminemment subversive. Ne jamais perdre cela de vue.
Image : Les Béatitudes Philippe de Champaigne
4 commentaires
En lisant les Béatitudes de l’ évangile de Luc de la messe d’ aujourd’hui, je me dis que Jésus les a proclamées spécialement pour notre monde d’ aujourd’ hui, tellement elle sont d’ actualité !
« Heureux, vous les pauvres.
Heureux, vous qui avez faim maintenant.
Heureux, vous qui pleurez maintenant.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Mais malheureux, vous les riches .
Malheureux, vous qui êtes repus maintenant.
Malheureux, vous qui riez maintenant.
Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous.
Ce sont les deux faces de notre monde d’ aujourd’hui dans leur horrible opposition et contradiction …
Et dire que Jésus voudrait tellement que nous nous aimions les uns les autres comme il nous a aimés !
A méditer à nouveau les Béatitudes de Luc, un an après avoir écrit ceci, je pense à un désaccord que j’ai ces derniers temps avec un membre de notre forum “Foi chrétienne et nouvelle évangélisation”, qui prend fait et cause pour un prêtre brésilien incendiant les assemblées par de la chanson pop et sa popularité qui n’est pas sans évoquer celle des chanteurs de charme à la mode. Elle avance des chiffres pour nous convaincre : 100 000 personnes à la messe dans le “temple” qu’il a fait bâtir avec ses droits d’auteurs conséquents.
Personnellement, ces comptabilités ne m’impressionnent pas du tout. Je garde toujours présente à l’esprit cette Béatitude : Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c’est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes.
Je suis parfois bouleversée aux larmes par une homélie dite pour une assemblée de 5 ou 6 vieilles dames à laquelle je me joins. Elle a été écrite gratuitement pour un si petit public, et je la prends comme un cadeau. Et parfois d’autant plus que l’on n’a pas toujours été tendre pour celui qui la prononce.
Alors oui, des profondeurs de ma conscience, je sais que les Béatitudes de Luc reflètent de manière éclatante la pensée et la parole du Christ.
Merci Véronique pour cette réflexion.
Merci pour ce message et cette franchise dont je goûte la saveur.