En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé.
Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal.
Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »
Matthieu 6,7-15
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Je risque aujourd’hui de me faire quelques ennemis : c’est mon côté électron libre de l’Eglise catholique qui va ressortir.
Depuis toujours, quand j’entends cet évangile, je pense … au chapelet.
Je ne veux pas blesser celles et ceux qui le prient avec ferveur et en tirent du profit spirituel voire des exaucements. Je crois profondément en la douce intercession de Marie et en l’abondance de grâces qu’elle peut nous valoir. Mettre en doute l’efficacité et la consolation du recours à Marie n’est donc pas du tout mon propos.
Par contre, je ne puis adhérer à cette conception que le chapelet vaudrait pour les chrétiens ce qu’a été et est encore la prière des psaumes pour les juifs. Les 150 psaumes sont d’une richesse et d’une variété infinies, je m’émerveille toujours du fait qu’on puisse y retrouver absolument tous les états possibles de l’âme humaine, du désespoir à la louange de jubilation. Et d’ailleurs, ce n’est pas sans raison qu’ils ont toute leur place dans la prière des heures chrétienne. En comparaison de quoi, que l’on me pardonne la formule possiblement vexante, la prière du chapelet me semble du rabâchage.
Peut-être dois-je interroger mon vécu de cette prière. Oui, je le fais volontiers. Cela remonte à ma plus tendre enfance, quand ma grand-mère paternelle m’emmenait aux vêpres dans sa paroisse et que je m’y ennuyais prodigieusement. J’étais pourtant une petite fille très pieuse, ne rechignant absolument jamais à aller à la messe et à prier dans mon cœur, mais les vêpres ! Ce rabâchage de “Je vous salue Marie” par ces femmes dont beaucoup ne comprenaient pas le français, ce va-et-vient de début et de fin de prière entre les deux côtés de l’église dans un épais accent lorrain qui rendait le tout presque incompréhensible me consternait. C’était interminable et je n’y voyais que de l’ennui.
Je n’ai par voie de conséquence jamais pu faire du chapelet ma forme de prière personnelle. Il y a quelques années, je m’y essayais : je n’en venais pas à bout sans bâiller et n’espérais que la fin de la dernière dizaine, ce qui n’est pas à proprement parler un bénéfice de recueillement…
Par contre, le Notre Père dit lentement, en pesant chaque mot, est une prière qui me convient infiniment. Elle nous a été donnée par le Fils de Dieu lui-même, ce qui en fait toute sa valeur et son intérêt. Chaque ligne du Notre Père a le sens le plus profond pour notre vie de foi.
Mais il m’a aussi été donné de vivre quelque chose de très fort, dans le Seigneur, il y a maintenant plus de vingt-deux ans.
Fin 1999, dans un grand cœur à cœur avec le Christ, j’ai écrit pour lui, avec lui, une prière qu’il me demandait, une prière qui nous aiderait à rechercher en Lui tout ce que nous pourrions y gagner pour grandir dans notre foi, une prière qui pourrait être ferment d’unité dans son Eglise divisée. Une prière nous recentrant sur sa Personne et sur tous les dons que le Père lui a faits, pour nous.
Je l’ai écrite, corrigée, réécrite pas à pas sous son regard : près d’une icône de son beau visage qui est au mur de mon salon, chez moi, ornée toujours des rameaux de l’année. Je me souviens très bien de ces heures “d’accouchement” de cette prière, de mes yeux plongés dans les siens pour quêter son assentiment. C’était en décembre 1999, dans une période très intense de grand réveil spirituel pour moi. Mais j’avais le sentiment très profond que le Seigneur ne m’offrait pas cette prière jaillie de notre cœur à cœur pour moi seule, mais pour que j’en fasse don à l’Eglise de mon baptême, et au-delà, à toutes les Eglises chrétiennes, comme un remède à leurs divisions et à ce manque que je constate partout d’une prière un peu normée pour s’adresser directement à Jésus. Oui, nous avons le Notre Père et les psaumes pour nous adresser au Père, le Je vous salue Marie pour invoquer la mère de Jésus, mais pour solliciter directement sa propre intercession à Lui, l’intercesseur par excellence, qu’avons-nous ?
Alors aujourd’hui, je vous propose de découvrir, et pourquoi pas, de prier ce Jésus notre Sauveur qu’il m’a lui-même inspiré.
Et pour tout vous dire, quand j’ai moi aussi besoin d’une prière un peu répétitive, en marchant par exemple si je n’ai pas l’humeur à la méditation pur et simple, j’enchaîne aussi longtemps que je le souhaite un Je vous salue Marie, un Jésus notre Sauveur et un Notre Père, en méditant bien chaque mot, puis je recommence… Cela me semble bien plus équilibré, en matière de demande d’intercession, que l’interminable chapelet…
Jésus, notre Sauveur et notre frère,
Notre force et notre lumière,
Donne-nous par ta vie, ta mort et ta résurrection,
De sentir le monde à ta façon.
Que l’Esprit Saint reçu au baptême
Anime nos yeux, nos oreilles, notre bouche et nos mains.
Sois notre humilité et notre charité
Par le salut que tu veux nous donner,
Habite en nous par ta Parole de Vie,
Sois notre joie et notre espérance,
Augmente en nous la foi et la confiance,
Et donne mission à nous tous, fils et filles,
De former avec toi une unique famille
En Dieu, éternel Amour, notre Père.
Véronique Belen Décembre 1999
https://www.histoiredunefoi.fr/prieres/47-jesus-notre-sauveur