“Et le Père qui m’a envoyé,
lui, m’a rendu témoignage.
Vous n’avez jamais entendu sa voix,
vous n’avez jamais vu sa face,
et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous,
puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé.
Vous scrutez les Écritures
parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ;
or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage,
et vous ne voulez pas venir à moi
pour avoir la vie !
La gloire, je ne la reçois pas des hommes ;
d’ailleurs je vous connais :
vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu.
Moi, je suis venu au nom de mon Père,
et vous ne me recevez pas ;
qu’un autre vienne en son propre nom,
celui-là, vous le recevrez !
Comment pourriez-vous croire,
vous qui recevez votre gloire les uns des autres,
et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ?”
Jean 5, 37-44
Textes liturgiques©AELF
Le tragique de la vie de Jésus…
Envoyé du Père, Fils de Dieu par la chair et par l’esprit, il n’est pas reconnu par ses contemporains, sinon quelques-uns, il est rejeté, moqué, poursuivi, haï par les gardiens de sa propre religion, ces champions des Ecritures et de la Loi qui les interprètent pour le condamner et non pour y rechercher des traces de l’annonce de sa venue en Serviteur souffrant et non en messie couronné de gloire.
S’ils avaient bien voulu prendre la peine d’écouter vraiment Jésus, s’ils avaient daigné s’émerveiller des guérisons et délivrances qu’il accordait aux plus petits du peuple, ils auraient pu, oui, y reconnaître la marque du Dieu de leurs pères, du Dieu qui s’était révélé à ce peuple-là en priorité, de ce Dieu qui a fait naître et élever son Fils, en toute cohérence, dans la descendance même de David.
Si les gardiens de la religion de Jésus n’avaient eu qu’un peu de curiosité saine à son égard au lieu de cette acrimonie teintée de jalousie spirituelle toujours prête à s’insinuer entre eux et lui, si leur regard et leur écoute s’étaient purifiés comme ceux des humbles conquis par sa bonté, si leurs cœurs s’étaient ouverts à la bonne nouvelle du Royaume en promesse, non, ils n’auraient pas usé de tant de malice et de cruauté à son égard, ils n’auraient pas aussi tragiquement manqué la visite du Verbe dans son propre bien…
Mais le plus tragique, c’est sans doute que l’histoire est appelée à se répéter. Oh, que les chrétiens font bon accueil au doux Jésus sur son crucifix d’où ne résonne plus beaucoup sa voix, ou du moins, qu’ils font bon accueil au rituel entourant sa Personne pas trop subversive du moment que l’on ne cherche plus vraiment à mettre en application l’Evangile ! Que les chrétiens font bon accueil au Jésus doucereux des images pieuses et inoffensif à force d’être assimilé à une miséricorde automatique à peu de frais !
Oui, l’histoire tragique se répète.
Nombreux sont aujourd’hui les baptisés, de celui qui en fait à peine mémoire au prélat en vêtements d’apparat, à se gargariser du chic type Jésus, mais la Sagesse elle-même viendrait-elle frapper à la porte des églises, mettant en garde les uns et les autres contre l’affadissement de la foi et la réalité du retour du Christ en gloire annoncé par toutes les Ecritures pour le jugement des vivants et des morts, se manifesterait-elle, à la fin des temps, cette Sagesse modelée au souffle de l’Esprit et décrite dans bien des textes bibliques, que les gardiens de sa propre religion s’empresseraient de la blâmer, de la discréditer, de l’ignorer, de s’entêter à ne pas la lire pour ne surtout pas remettre en cause leurs prérogatives terrestres et ecclésiales…
Oui, n’allons pas penser que dans cette triste histoire de la surdité du peuple juif au Verbe en son temps, les chrétiens s’en sortent mieux qu’eux en ces temps où nous sommes : eux non plus, pour la plupart, ne se montrent pas capables de reconnaître qui Dieu envoie pour déciller leurs yeux et ouvrir leur intelligence à l’urgence de croire en l’accomplissement total et final des Ecritures.
“Moi, je suis venu au nom de mon Père,
et vous ne me recevez pas ;
qu’un autre vienne en son propre nom,
celui-là, vous le recevrez !”
Image : Le Serviteur souffrant en Isaïe, source : https://www.evangile-et-peinture.org/banque-images/