Seigneur, entends ma prière :
que mon cri parvienne jusqu’à toi !
Ne me cache pas ton visage
le jour où je suis en détresse !
Le jour où j’appelle, écoute-moi ;
viens vite, réponds-moi !
Les nations craindront le nom du Seigneur,
et tous les rois de la terre, sa gloire :
quand le Seigneur rebâtira Sion,
quand il apparaîtra dans sa gloire,
il se tournera vers la prière du spolié,
il n’aura pas méprisé sa prière.
Que cela soit écrit pour l’âge à venir,
et le peuple à nouveau créé chantera son Dieu :
« Des hauteurs, son sanctuaire, le Seigneur s’est penché ;
du ciel, il regarde la terre
pour entendre la plainte des captifs
et libérer ceux qui devaient mourir. »
Psaume 101 (102), 2-3, 16-18, 19-21
Textes liturgiques©AELF
Je l’ai déjà écrit souvent, mais je le répète encore : à mon sens, dans toute l’Ecriture, Jérusalem ou Sion représentent bien plus que la Ville sainte, toute importante qu’elle puisse être. Toutes les comparaisons qui la décrivent sont des allégories féminines. Le Très-Haut pourrait-il être à ce point attaché à une ville faite de pierres et d’un nombre restreint de créatures y vivant ? J’en doute. Je vois bien plutôt, quand Jérusalem ou “le fille de Sion” sont évoquées, davantage même qu’un peuple élu de Dieu : j’y vois une femme aimée de l’Eternel, qui incarne en elle toutes les femmes que la terre a portées jusqu’ici et porte encore. Que l’on tente de lire les Prophètes ou les Psaumes dans cette optique, et l’on constatera que mon point de vue n’est pas farfelu.
“il se tournera vers la prière du spolié,
il n’aura pas méprisé sa prière”
Comment ne pas voir les visages hagards de ces femmes dont la guerre a détruit les maisons, jetées avec leurs enfants sur les routes de l’exil, tremblant pour leurs maris, fils, pères restés au front ou les pleurant déjà ?
Comment ne pas penser à ces fillettes et jeunes filles chassées des écoles et universités par des talibans avides de les asservir et de les maintenir, dans cet unique but, dans l’ignorance ?
Comment ne pas revoir les visages terrorisés de ces fillettes en Afghanistan, que la misère et des traditions ancestrales iniques poussent leurs pères à vendre à des hommes âgés et malintentionnés à leur égard ?
Comment ne pas penser à ces adolescentes à peine pubères en Asie ou ailleurs, prises dans les filets de la prostitution pour une vie immolée sur l’autel du plaisir coupable de leurs “clients” ?
Comment ne pas songer à tant de fillettes qui ne naîtront jamais car elles sont considérées comme une disgrâce, un poids financier, un enfant moindre qu’un garçon et dont on pousse la mère à avorter en Chine, en Inde et dans certains pays orientaux ?
Comment ne pas voir ces Africaines harassées par la quête de l’eau et les travaux des champs tandis que bien des hommes sont assis sous l’arbre à palabres ?
Comment ne pas avoir compassion de toutes nos sœurs en humanité, sous nos cieux aussi, qui endurent la double journée, poussées à être performantes au travail et assumant encore une large part des tâches domestiques et des soins aux enfants ?
Comment ne pas penser à ces mamans solo qui se battent pour sortir d’une précarité causée parfois par l’égoïsme inconséquent d’un père de famille qui a fui ses obligations et sa responsabilité ?
Alors oui, vu sous cet angle, le Psaume du jour prend tout son sens :
“Les nations craindront le nom du Seigneur,
et tous les rois de la terre, sa gloire :
quand le Seigneur rebâtira Sion,
quand il apparaîtra dans sa gloire,
il se tournera vers la prière du spolié,
il n’aura pas méprisé sa prière.”