Voici que je viens sans tarder, et j’apporte avec moi le salaire que je vais donner à chacun selon ce qu’il a fait.
Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.
Heureux ceux qui lavent leurs vêtements : ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie et, par les portes, ils entreront dans la ville.
Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des Églises. Moi, je suis le rejeton, le descendant de David, l’étoile resplendissante du matin. »
L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement.
Et celui qui donne ce témoignage déclare : « Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
Apocalypse 22, 12-14.16-17.20
Textes liturgiques©AELF
Comment peut-on lire et méditer la fin du Livre de l’Apocalypse tout en continuant à affirmer, comme il de bon ton de nos jours : “Dieu pardonne tout, absolument tout !” et faire sienne la chanson populaire “On ira tous au paradis “ ?
Il me semble que le remède à l’inquiétude qui pourrait nous saisir quant à notre salut, c’est l’omission systématique, en Eglise et en théologie, des paroles fortes prononcées par Jésus lui-même pour nous avertir de la conséquence de nos actes ici-bas. Et l’Eglise comme la théologie pratiquent volontiers ce troncage des Ecritures. Pour preuve, l’extrait d’aujourd’hui, curieusement amputé de phrases entières.
L’extrait aurait très bien pu commencer au verset 10 du chapitre 22 pour plus de clarté. Mais l’AELF a choisi de l’initier par le verset 12. Je rappelle donc les versets 10 et 11 qui constituent le paragraphe précédent :
Puis il me dit : « Ne mets pas les scellés sur les paroles de ce livre de prophétie. Le temps est proche, en effet. Que celui qui fait le mal fasse encore le mal, et que l’homme sali se salisse encore ; que le juste pratique encore la justice, et que le saint se sanctifie encore.
Tiens, il y aurait donc des personnes qui pratiquent le mal, et d’autres qui pratiquent la justice ? Il y aurait donc des justes en voie de sainteté dès ici-bas ? Ce n’est pourtant pas ce que l’on entend dans les homélies contemporaines, qui prétendent que le clivage entre l’inclination au bien et le penchant au mal existe au plus profond de toute créature… Tendance récurrente à mettre “tout le monde dans le même sac” et à culpabiliser les plus humbles et plus pieuses personnes d’être potentiellement aussi mauvaises que les grands délinquants et criminels de ces temps de violence !
Et pourtant, c’est bien le rejeton, le descendant de David, l’étoile resplendissante du matin, autrement dit le Seigneur Jésus lui-même qui adresse à son disciple Jean l’avertissement suivant :
Voici que je viens sans tarder, et j’apporte avec moi le salaire que je vais donner à chacun selon ce qu’il a fait.
Donnera-t-il donc à la fois la vie éternelle dans la félicité et l’affliction de ne pas avoir agi selon ses commandements?
Depuis des années que je prends le Livre de l’Apocalypse au sérieux, j’ai essuyé de la part des hommes d’Eglise et autres férus de théologie bien des remarques condescendantes visant à me persuader que le style apocalyptique est un genre littéraire imprégné du temps de sa rédaction, qu’il faut raison garder et surtout s’abstenir de lire et méditer ce Livre hors du cadre de l’Eglise et de la pensée des prédicateurs “autorisés” à l’interpréter. Ce qui revient une fois de plus à mépriser les baptisés / confirmés honnêtes méditant quotidiennement les Ecritures au souffle de l’Esprit.
Or, ce que Jésus a dit ici à Jean et demandé à ce que cela soit retranscrit fidèlement, il l’a dit une fois pour toutes, et si ce Livre n’est qu’un genre littéraire à ne pas prendre trop au sérieux, que fait-il dans le canon des Ecritures ?
J’ai le sentiment que pour rester cohérente avec le discours contemporain du “tout miséricorde”, l’Eglise cherche à nous anesthésier en retranchant de ce Livre les passages qui la dérangent dans ses options théologiques. Et aujourd’hui, dans la deuxième lecture, c’est flagrant. Il manque donc les versets 10 et 11, mais pas seulement. On a soigneusement évité le verset 15 :
Dehors les chiens, les sorciers, les débauchés, les meurtriers, les idolâtres, et tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge !
Aïe ! Que ces mots ne cadrent pas dans la bouche du bon Jésus tout miel et guimauve ! Auraient-ils donc risqué de choquer nos chastes oreilles, pour que l’AELF les omette tout simplement en ce septième dimanche de Pâques ?
Et ce n’est pas tout : il manque aussi, aujourd’hui, les versets 18 et 19 de ce chapitre 22 qui est le dernier de l’Apocalypse:
Et moi, devant tout homme qui écoute les paroles de ce livre de prophétie, je l’atteste : si quelqu’un y fait des surcharges, Dieu le chargera des fléaux qui sont décrits dans ce livre ; et si quelqu’un enlève des paroles à ce livre de prophétie, Dieu lui enlèvera sa part : il n’aura plus accès à l’arbre de la vie ni à la Ville sainte, qui sont décrits dans ce livre.
Eh bien, l’AELF ne manque pas d’audace, pour avoir purement et simplement supprimé précisément ces deux versets de la lecture du jour, comme si les fidèles étaient des auditeurs immatures qui n’avaient pas à les recevoir ! A-t-elle mesuré dans quelle posture elle se met en “enlevant des paroles à ce livre de prophétie” ? Et c’est d’autant moins anodin qu’ils font partie de la conclusion de la Bible tout entière !
Nous n’aurons eu droit, comme pratiquants fidèles, qu’à l’avant-dernier verset 20 de l’Apocalypse pour achever sa lecture en Eglise dans le cycle pascal :
Et celui qui donne ce témoignage déclare : « Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
Une donnée théologique dont l’Eglise catholique se soucie d’ailleurs bien peu : qui a déjà entendu prêcher sur le retour en gloire du Christ Jésus à la fin des temps ? Quand, comme chrétien, on y croit fermement, n’est-on pas regardé comme un illuminé, un doux rêveur, une pauvre créature qui ne sait pas voir la portée symbolique de cette annonce ?
En tout cas, quant à moi, je suis persuadée d’une chose : cette Eglise qui ne sait pas – plus – dire Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! n’est pas – plus – digne d’être appelée son Epouse. Cette Eglise qui ampute le Livre de l’Apocalypse sciemment à l’intention de ses fidèles s’expose à se voir enlever la part qu’elle croyait acquise pour elle-même. Cette Eglise qui ne prend pas les Ecritures au sérieux dans leur ensemble, sans les tronquer ni les interpréter de manière unilatérale, ne va pas être transportée tout entière des fastes de Rome à la gloire de la Jérusalem céleste.
Dans les Evangiles, c’est Marie de Béthanie qui a reçu la meilleure part, celle qui ne lui sera jamais enlevée (Luc 10, 42). Le Christ est Chemin, Vérité et Vie, et ne saurait mentir. Ses promesses s’accomplissent toujours. Et là où une Eglise qui retranche à ses paroles prophétiques se met en danger de ne plus accéder à l’Arbre de vie et à la Ville sainte, la véritable Epouse, quant à elle, verra sa gloire enfin révélée au grand jour quand le Christ Jésus paraîtra dans la sienne.
Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
Image : Le Jugement dernier, par Jean Cousin le Jeune (musée du Louvre) XVIe
1 commentaire
Bonjour bonsoir ☺️ je viens de lire l’article , je ne suis pas catho, juste chrétienne…sur le fait d’amputer certains verstes, effectivement
ce n’est pas normal ,
mais pour le reste je ne crois pas que l’église d’aujourd’hui veut forcément “anesthésier” ses fidèles , il me semble plutôt qu’elle veut
sortir des discours de terreurs ( inutiles) qu’elle a pu avoir auparavant (au nom de Dieu) .
En soi ,ce n’est jamais une erreur d’insister sur la miséricorde de Dieu ,sur l’espoir …
Le roi Manassé (dans l’Ancien Testament) est un exemple frappant de cela ,
Manassé a commis des choses innommables …mais
par sa repentance sincère et puissante ,il fut délivré et restauré dans son règne …
On peut toujours repartir à zéro, être lavé …c’est ça que beaucoup ont besoin de savoir ,de comprendre,de vivre en priorité, ensuite vient le jugement,
les rétributions ect ce n’est pas être libérale ou hérétique que de mettre principalement en avant la miséricorde c’est une nécessité
Bonne soirée et merci pour vos site intéressant.