Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.
Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.
Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. »
Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.
Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. »
Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.
Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.
Jean 20, 1.11-18
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Dans l’Evangile de Jean, la réaction des disciples à l’annonce de Marie Madeleine n’est pas précisée, mais nous la connaissons dans les évangiles de Marc au verset 16, 11 :
” Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire.”
et de Luc au verset 24,11 :
“Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas.”
Voilà qui est très éloquent. Des femmes proches de Jésus, fidèles entre les fidèles, ont eu la révélation de sa résurrection par lui-même, le Christ ressuscité les charge d’annoncer la bonne nouvelle à ses disciples hommes, et ceux-ci les tiennent pour folles et ne les croient pas. Histoire sans cesse répétée au long des âges de la méfiance teintée de misogynie voire de jalousie des hommes religieux à l’égard de femmes plus intuitives voire plus favorisées par le Seigneur de grâces et de visions mystiques qu’eux-mêmes. L’Eternel l’avait pourtant dit depuis le commencement : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul”. (Genèse 2, 18). Mais dans le milieu religieux, il est caractéristique que l’homme investi d’un pouvoir entend trouver seul la clef du mystère divin en toutes circonstances. C’est d’autant plus vrai dans l’Eglise catholique romaine où une horde de clercs célibataires entendent tout régenter et se réserver la prérogative du discernement spirituel, tandis qu’ils cantonnent volontiers les femmes au rôle mal interprété “d’aide qui leur est accordée” : ils les relèguent volontiers aux services paroissiaux, quand ce n’est pas au ménage dévolu aux religieuses dans les demeures vaticanes.
Je ne veux aucunement polémiquer ici au sujet de l’ordination, ou non, de femmes. Mes lecteurs habituels le savent, et j’agace passablement mes coreligionnaires militant(e)s de cette cause : je ne m’investis aucunement pour la cause du sacerdoce féminin. Parce que je suis profondément persuadée que l’Eglise terrestre vit présentement ses derniers soubresauts, que c’est là tout le sens de la chute des vocations sacerdotales et du vain décalage des revendications égalitaires dans les temps où nous sommes.
Il se trouve que je n’ai jamais, quant à moi, “vu” le Seigneur, ni de face, ni de dos, ni de profil. Ma foi très profonde est dénuée de “visions” et je m’en réjouis, car le Ressuscité lui-même a loué “ceux qui croient sans avoir vu” (Jean 20, 29).
Par contre, et je le dis à présent ouvertement, j’ai frappé depuis plus de vingt ans à maintes portes de discernement spirituel en Eglise catholique, évangélique ou protestante, pour témoigner de la richesse vibrante de mon oraison, de cette voix délicieuse du Seigneur Jésus qui s’adresse ouvertement à moi dans la prière pour m’avertir d’un certain nombre d’événements en germe et totalement en phase avec les Ecritures, pour être pourtant sans cesse renvoyée à ma solitude avec les soupçons de la part de ces messieurs de délire, de faiblesse psychique voire d’affabulation ou d’emprise du Mauvais… C’est tellement systématique et lassant qu’à cette heure, je ne recherche plus d’accompagnateur spirituel, tout au plus des amis dans la foi à qui je pourrais témoigner de mon parfait équilibre mental – car j’ai déjà reçu tous les soins auxquels bien des soi-disant “sains d’esprit” se refusent… – de ma foi à toute épreuve et de l’authenticité de ma vie mystique. Mais comme je suis, de par le Seigneur lui-même, en délicatesse avec certains points de doctrine catholique romaine, ces messieurs les défenseurs acharnés du dogme et de la sacro-sainte tradition de l’Eglise me rejettent comme hérétique ou blasphématrice. Car de tout temps, ils ont préféré à la vérité de témoins profondément attachés aux Ecritures les voyantes et mystiques souffreteuses propres à les confirmer dans leurs doctrines auto-proclamées : une Maria Valtorta ou des voyants douteux à Medjugorje tromperont jusqu’à des papes, tandis que l’authentique confidente du Seigneur – qui ne leur susurre pas ce qu’ils ont envie d’entendre – sera balayée avec mépris et reléguée aux marges de l’Eglise ou abandonnée à la sphère de la psychiatrie.
Mais le Seigneur lui-même l’a dit : « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » (Luc 19, 40)
Oui, il y a péril en la demeure ecclésiale, et à trop se croire détentrice de la vérité, l’Eglise catholique est déjà passée à côté d’un temple de l’Esprit Saint qui aurait pu l’aider à se dégager de l’ornière dans laquelle elle s’est elle-même fourvoyée.
Peu avant sa passion, Jésus a pleuré sur Jérusalem prompte à le mettre à mort, et elle fut dévastée, selon sa prédiction, en 70.
Aussi amère sera pour l’Eglise la prise de conscience de son orgueilleuse suffisance. Car affectant la compassion pour un Christ crucifié, elle ne s’est pas gênée pour immoler d’innocentes victimes sur l’autel des pulsions malsaines de ses officiants couverts par une hiérarchie complaisante, tout en commettant le crime de mépriser la Parole même du Seigneur en foulant aux pieds l’âme pourtant dévouée de celle qu’il avait choisie pour annoncer son retour prochain et le jugement imminent des vivants et des morts.
Sainte Marie Madeleine, en ce jour de ta fête, intercède pour les authentiques amies et confidentes de ton Seigneur méprisées par les clercs comme tu le fus par les disciples de Jésus !