Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Ps 50 (51), 3-4, 12-13, 17.19
Textes liturgiques©AELF
Le sublime psaume 50 est celui de la contrition, du regret d’avoir offensé Dieu et d’avoir nui à son prochain. David, qui est réputé en être l’auteur, regrette amèrement d’avoir séduit et rendu enceinte de manière illicite Bethsabée mariée, et d’avoir fait mourir intentionnellement Ourie, son époux, au combat. Il s’enfonce alors dans le regret et implore le pardon de son Dieu qu’il avait toujours entendu servir au mieux. Sa contrition est tellement profonde et sincère qu’il finira par obtenir son pardon. Merveilleux exemple de la miséricorde de Dieu pour un homme fautif d’un péché très grave.
Ce psaume est traditionnellement prié au mercredi des Cendres, les vendredis et aux liturgies du pardon. Il nous invite à nous reconnaître pécheurs devant Dieu et à implorer sa miséricorde.
Je désirais cependant relever une autre compréhension possible du verset 19 :
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Car il peut arriver, dans notre vie terrestre, d’avoir le cœur brisé et broyé sans avoir nécessairement péché. Fort heureusement, nous ne sommes pas que des créatures pécheresses, quoiqu’une certaine Eglise cherche à nous en convaincre en nous enfonçant dans une culpabilité mortifère. Certes, nous péchons tous à un moment ou à un autre de notre vie, mais il existe aussi – et j’en connais – des âmes pures qui cherchent en toute chose à se conformer aux commandements de Dieu et à mettre en pratique l’Evangile. Ces personnes-là sont-elles pour autant épargnées par la souffrance ? Certes non, et même, bien au contraire, car le monde hait la sainteté. Et bien souvent, les personnes aux intentions les plus pures et les plus droites sont persécutées par un entourage qui peut se montrer malveillant voire harcelant. Qui ne connaît de ces femmes dévouées à un conjoint qui les maltraite ? Qui ne connaît de ces victimes d’institutions ou de systèmes qu’elles ont cherché à servir au mieux, et qui les abandonnent à la vindicte d’orgueilleux ne recherchant que leur propre intérêt ? Qui ne connaît de ces innocent/e/s tombé/e/s aux griffes de prédateurs sexuels ou de violents du quotidien ?
Alors oui, on peut avoir l’esprit et le cœur brisés et broyés non pas seulement pas sa propre faute, mais aussi par celle d’autrui, par le péché de tous ceux qui n’ont pas voulu se montrer notre prochain et nous ont persécutés.
Et dans ce cas, même si c’est plus difficile car la confiance peut être rompue pour longtemps, il convient d’en appeler aussi à la bonté du Seigneur, à “ses tendresses qui ne sont pas finies” en se rappelant ces versets du livre des Lamentations au chapitre 3, 22-26 :
Grâce à l’amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis ; ses tendresses ne s’épuisent pas ;
elles se renouvellent chaque matin, – oui, ta fidélité surabonde.
Je me dis : « Le Seigneur est mon partage, c’est pourquoi j’espère en lui. »
Le Seigneur est bon pour qui se tourne vers lui, pour celui qui le cherche.
Il est bon d’espérer en silence le salut du Seigneur .
(AELF)
Image : Femme pleurant (extrait) Vincent Van Gogh XIXe