En ce temps-là,
en cours de route, un homme dit à Jésus :
« Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara :
« Les renards ont des terriers,
les oiseaux du ciel ont des nids ;
mais le Fils de l’homme
n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Luc 9, 57-58
Textes liturgiques©AELF
Il est bien rare, dans les Evangiles, que Jésus s ‘épanche ainsi, s’émouvant quelque peu de son propre sort. On le voit bien plutôt se soucier de celui d’autrui, jusqu’à sa marche vers sa Passion et sa déréliction à Gethsémani.
Ici, il veut en quelque sorte prévenir cet homme que le suivre n’est pas de tout repos, ni confortable. Vie rude du Messie et de ses disciples, missionnaires itinérants ayant abandonné toit, terres, femmes, enfants…
Ainsi de Jésus, qui ne possédait rien de tout cela, et quoiqu’en osent certaines élucubrations contemporaines, n’avait pas même les bras d’une femme dans lesquels il aurait pu trouver réconfort et consolation. Jésus est Prophète de l’itinérance, icône du détachement des conforts et possessions, modèle pour ses disciples dont il exige le même dépouillement.
Et aujourd’hui ?
Nous sommes une multitude à nous réfugier contre son cœur par la prière, lui demandant sans cesse grâces, exaucements, consolation pour nos propres épreuves. Nous pleurons sur son épaule, sachant d’emblée qu’il aura compassion de nos douleurs, lui qui les a toutes traversées au cours de sa vie humble et pauvre jusqu’à la Croix.
« Les renards ont des terriers,
les oiseaux du ciel ont des nids ;
mais le Fils de l’homme
n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Disant cela, Jésus ne parlait-il donc que du temps de son incarnation ? Pas si sûr…
Car lui, le recours suprême, qui songe à lui offrir une épaule où reposer sa tête, un cœur dans lequel épancher le sien ? Jésus serait-il donc désormais sans affects et sans fatigue ? Sans besoins et sans attentes de tendresse ?
Je vais faire ici un aveu : je n’aime pas beaucoup les cantiques de louange grandiloquents, ces textes qui célèbrent la grandeur du Sauveur, insistant sur ses prérogatives et sa splendeur. La pop louange, je dois le dire, ce n’est pas du tout ma tasse de thé. Se contorsionner presque jusqu’à la transe pour le Seigneur haut et magnifique, je ne suis même pas trop sûre que le Christ toujours vivant aime cela de notre part. Car disons-le, certaines paroles de cantiques de louange frôlent la flatterie, et le Seigneur hait qu’on le flatte, Lui qui est sans orgueil et sans démesure dans son moi profond.
Bien au contraire, surmené parfois par nos incessantes demandes, il a besoin lui-même de repos et de consolation. Et quelle grâce pour lui qu’un cœur disposé à l’accueillir juste par amour et compassion, à lui offrir un havre de paix et de repos, un oreiller moelleux qui ne soit pas une pierre de bord de chemin. Quelle consolation pour lui qu’un cœur qui écoute ses propres tristesses quand le mal est trop puissant dans le monde, quand ses bien-aimés souffrent avalanche d’injustices et de persécutions, et quand on sollicite un peu à la légère et sans vraie contrition sa miséricorde pour des fautes gravissimes !
Les carmélites telles que Thérèse de Lisieux ou Elisabeth de la Trinité l’avaient bien compris : il nous revient à nous aussi, qui l’aimons au-delà de tout, de consoler Jésus, de lui offrir, en notre cœur et par le don total de notre vie, un endroit doux et accueillant où il puisse enfin, lui aussi, reposer sa tête…
Image : Jésus et l’apôtre Jean, peinture de ma tante Irène, vers 1950
2 commentaires
Bonjour,
Je ne voudrais pas ici faire le procès de qui que ce soit. Je ne suis pas non plus une habituée des assemblées charismatiques si c’est cela dont vous parlez, mais Ste Thérèse de Lisieux l’a dit elle même. La Création est faite de multiples choses et êtres différents ,comme les fleurs qui sont toutes différentes, par exemple la majestueuse rose et la modeste violette… Il ne me viendrait pas donc à l’idée de critiquer la pop louange qui est une expression de la prière comme une autre. Regardez le Roi David, il chantait et dansait pour honorer Dieu non?
Ce qui compte c’est la sincérité de notre élan vers Dieu. Il n’a que faire de la querelle des Anciens et des Modernes qui sévissait au 17e siècle et toujours de nos jours!
Quant au fait que Jésus n’avait pas d’oreiller oú poser la tête, vous n’en savez rien. Il comptait sur l’hospitalité de ses contemporains et il a été reçu par les riches, comme les pauvres et les Évangiles n’entrent pas dans le détail de la description des lieux d’hébergement…
Jésus n’est pas un humain seul. Il est le Fils de l’Homme et de Dieu ce que nous ne sommes pas…Il n’est jamais fatigué de nous ouvrir ses bras et nous pauvres humains nous faisons ce que nous pouvons pour lui offrir notre coeur maladroit avec nos imperfections et nos doutes…
Pourquoi douter et contredire la parole de Jesus Christ? Pourquoi le voir toujours triomphant? N’est il pas en agonie jusqu’ á la fin des temps, lui qui veut sauver tous ?!