Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari.
Apocalypse 21, 1-2
Textes liturgiques©AELF
A mon sens, les plus beaux versets de l’Apocalypse.
Comment peut-on lire la Révélation de Jean et prétendre que l’Epouse de l’Agneau “prête pour les noces” soit l’Eglise ? Comment peut-on l’affirmer encore de nos jours, quand en sa hiérarchie et ses clercs, elle a fait la preuve de tant d’indignité, de tant de souillure d’âme et de corps, au point que tous les baptisés en sont malgré eux éclaboussés ?
Comment enfin peut-on imaginer que Dieu ait “retourné sa veste” il y a 2000 ans, reniant pour toujours son peuple élu et Jérusalem au profit de ses autres enfants, certes – il faut l’espérer – disciples de son Fils, mais aussi pour une grande partie d’entre eux affectés par les scandales de Rome qui la confinent davantage à la Babylone du chapitre 18 qu’à l’élue de l’Agneau ?
Au risque de scandaliser, je vais dire ce que je crois bien plutôt : au terme de l’aventure terrestre que je pense imminent, Dieu veut nous montrer qu’Il ne se renie jamais, qu’Il dénonce pour toujours les faux Dieu du luxe, du pouvoir et de l’idolâtrie. Qu’Il n’a fait que tolérer Rome le temps qu’elle suscite des baptisés, mais qu’Il désapprouve pour toujours son orgueil de se prendre pour la dispensatrice de la Vérité tout entière, son penchant maladif au pouvoir, à l’opacité de ses décisions, à l’occultation de ses crimes et compromissions. Que sa ruine actuelle est définitive, et que la Reine qu’elle s’est choisie, humble et sainte fille de Nazareth travestie en déesse toute puissante ne la sauvera pas.
C’est le Fils qu’il s’agissait de suivre, et sa Parole que nous étions censés mettre en œuvre, loin des hiérarchies, des abus de pouvoir, des appétits de richesses inutiles au seul vrai culte comme il n’avait pas cessé de nous en montrer l’exemple tout au long de sa vie terrestre si humble et si simple. Et s’il était justice de rendre hommage à sa mère, elle n’aurait jamais dû devenir prétexte à faire taire voire mieux mépriser toutes les baptisées !
Aussi, dans ces temps qui sont les derniers, après l’horreur absolue de la Shoah organisée par des hommes vils qui étaient pourtant pour la plupart des baptisés, le Seigneur de l’univers va sans tarder réhabiliter son peuple élu qu’il n’a jamais cessé de chérir, du moins les fidèles à son Nom qui n’ont pas choisi les compromissions du pouvoir et de l’argent.
Et quant aux baptisés qui n’ont jamais renié les valeurs de l’Evangile, le Père leur montrera aussi sa tendresse et sa fidélité en manifestant le choix qu’il a fait au milieu d’eux d’une fille appelée à devenir l’Epouse bien-aimée de l’Agneau. Elle n’est pas l’Eglise, elle n’est pas Jérusalem, elle n’est aucune ville ni aucune chapelle, elle est toute cachée sous l’aile du Père et le regard du Fils et sera bientôt révélée et toute parée pour son unique Epoux.
“Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle ,je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu,prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari.”
Image : Marc Chagall : Libération (détail) XXe