Allez vers les brebis perdues de la maison d’Israël.
Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons.
Vous avez reçu gratuitement :donnez gratuitement.
Matthieu 10, 6-8
Textes liturgiques©AELF
Je vais faire ici un aveu : je ne prie jamais pour que Dieu suscite des vocations sacerdotales.
Certains s’y épuisent dans l’Eglise, je le sais. “Donnez-nous des saints prêtres !” Certes, nous avons besoin de prêtres pour célébrer notre foi et partager l’eucharistie, mais force est de constater qu’ils ne répondent pas de nos jours aux critères énoncés ici par Jésus : ils ne guérissent guère les malades, ne ressuscitent pas les morts – bien sûr leur intercession demeure néanmoins précieuse pour notre passage dans la vie éternelle – ne sont pas en mesure de purifier les lépreux et certains diocèses veulent même renoncer à leur faire expulser les démons… Et surtout, très peu donnent gratuitement, ce qu’ils ont reçu au séminaire pouvant même valoir une petite fortune comme dans la communauté Saint Martin…
Alors bien sûr, on va encore me reprocher une “lecture fondamentaliste” de l’Evangile. Mais peut-on décemment attribuer à Jésus des conseils “tout faux sur tout” ? La première recommandation aux douze, c’est de “proclamer que le royaume des Cieux est tout proche.” Nos prêtres le font-ils ? Ne proclament-ils pas plutôt un désir de Royaume terrestre en prétendant que le Royaume de Dieu se réalise ici-bas ?
Nous ne sommes pas si nombreux, baptisés, à proclamer que “le royaume des Cieux est tout proche.” Moi je le fais. Et cela me vaut bien des soupçons de délire et des remarques narquoises. Je le crois même tellement qu’à mon sens, il est vain de prier pour les vocations sacerdotales car le Christ sera revenu dans sa Gloire avant que les prêtres de “demain” ne soient sur le terrain des paroisses. C’est le Royaume des Cieux que j’espère et annonce, et pas l’Eglise ! Le Royaume promis de toujours, et qui ne se réalisera jamais ici-bas, quoiqu’espèrent tous ceux qui sont attachés aux vieilles pierres, aux traditions et à leurs possessions terrestres ou petits pouvoirs !
Et de nos jours, ce n’est pas tant de bergers qu’ont besoin les brebis égarées ou perdues que de solides témoignages de foi. Que désirons-nous au plus profond de nous-même ? Perpétuer l’Eglise, ou, enfin, le second avènement du Seigneur dans sa Gloire ? Cliver encore et encore l’humanité parmi laquelle tant de religions s’opposent voire s’affrontent, ou en appeler au seul Messie qui saura se montrer universel et consensuel ?
Il n’est qu’à voir à quel point le christianisme est aujourd’hui morcelé en d’innombrables chapelles qui s’opposent les unes aux autres pour comprendre que l’unité ne viendra plus jamais des hommes, mais uniquement de l’Envoyé incontestable de Dieu !
Alors résolument, je prie pour son retour glorieux, et non pour les vocations sacerdotales. Et quant à nous baptisés, efforçons-nous de témoigner en esprit et en vérité – et gratuitement ! – face aux brebis perdues et non de tout attendre d’une Eglise moribonde.