Frères,
autrefois, vous étiez ténèbres ;
maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ;
conduisez-vous comme des enfants de lumière
– or la lumière
a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité –
et sachez reconnaître
ce qui est capable de plaire au Seigneur.
Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres,
elles ne produisent rien de bon ;
démasquez-les plutôt.
Ce que ces gens-là font en cachette,
on a honte même d’en parler.
Mais tout ce qui est démasqué
est rendu manifeste par la lumière,
et tout ce qui devient manifeste est lumière.
C’est pourquoi l’on dit :
Réveille-toi, ô toi qui dors,
relève-toi d’entre les morts,
et le Christ t’illuminera.
Ephésiens 5, 8-14
Textes liturgiques©AELF
A méditer cette deuxième lecture du jour – quatrième dimanche de carême – je me demande vraiment comment les clercs abuseurs et ceux qui les ont couverts pouvaient proclamer ce type de texte aux célébrations liturgiques et prêcher dessus en toute quiétude à l’ambon sans s’identifier aux acteurs d’œuvres des ténèbres que Paul dénonce ici.
Et d’ailleurs, je me suis souvent dit que nous autres chrétiens pratiquants – et qui plus est leurs pasteurs – avions souvent tôt fait de nous identifier, en méditant les écrits de Paul ou de Jean l’évangéliste, aux “fils de lumière” dont ils parlent en nous situant résolument du bon côté. Ce faisant, nous nous donnons bonne conscience et pensons souvent que toutes nos œuvres des ténèbres sont déjà absoutes dans le grand cœur de Dieu puisque nous sommes là au rendez-vous dominical.
Vaste erreur d’appréciation ! Méditons sur le regard de Dieu dans le récit de l’onction de David : Samuel va l’appeler de derrière le troupeau, lui le “petit dernier” dont le père Jessé n’avait pas même songé à mentionner l’existence ! C’est bien en lui, le petit berger roux comptant apparemment pour rien dans cette fratrie, que Dieu a discerné les dispositions spirituelles et de gouvernance du peuple d’Israël les meilleures, c’est bien lui dont Dieu a fait choix pour le faire le plus grand des rois de son peuple élu !
Ne cherchons pas les intentions et prédilections de Dieu dans nos propres critères d’admiration : sous les chasubles chatoyantes, le Seigneur discerne avant tout le monde les vices et exactions dissimulés ; sous la hauteur des mitres richement ornées, Il voit les détours des manœuvres qui ont consisté à étouffer le témoignage des victimes d’abus pour blanchir les coupables et la sacro-sainte Institution.
Aussi, méditant cet extrait de l’Epître aux Ephésiens, nous pouvons y discerner l’éloge des “lanceurs d’alerte” d’aujourd’hui et de tous les temps, ceux qui ont préféré la lumière de la vérité aux manipulations des ténèbres, ceux qui ont fait choix de l’inconfort de la parole courageuse face au déni d’une Eglise compromise avec le crime jusqu’en ses moelles.
Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres,
elles ne produisent rien de bon ;
démasquez-les plutôt.
Alors peut venir pour toutes les victimes de l’hypocrisie d’un système le temps d’un possible réconfort ou tout du moins d’une reconnaissance de l’étendue de leurs souffrances.
Alors peut advenir, enfin, pour les auteurs d’abus en tout genre, le temps d’une vraie justice dont Dieu seul a le secret.
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https://sainte-marie-mulhouse.fr/2021/10/07/la-crise-des-abus-dans-leglise-de-france