Pour rendre hommage à celui qui a écrit mon Evangile préféré et les Actes des Apôtres, je propose à la méditation cette homélie datant du 18 octobre 2004 :
L’Eglise nous invite à célébrer aujourd’hui la fête de Saint Luc. Comme pour beaucoup de fêtes de saints apôtres ou évangélistes, la liturgie nous invite à méditer sur l’identité du disciple et les exigences qui lui sont liées. A ce titre, le récit de l’évangile du jour est particulièrement évocateur puisqu’il nous relate précisément l’envoi en mission des soixante-douze disciples choisis par Jésus.
Soixante-douze, ce nombre n’est pas sans nous rappeler les soixante-douze nations de Genèse 11 qui peuplent l’ensemble de la terre. A travers lui, c’est à la fois l’universalité du salut mais aussi l’universalité de l’appel du Seigneur à porter ce salut qu’il nous faut lire. Saint Luc, compagnon de route de saint Paul, a contribué lui aussi à ce que ce salut puisse être entendu de beaucoup. Derrière la manière dont il nous relate l’essor de l’Eglise au lendemain de la Pentecôte dans le livre des Actes des Apôtres, nous sentons tout le souffle évangélique qui l’animait.
L’annonce du salut passe chez saint Luc par l’exaltation de la bonté et de la miséricorde du Seigneur. Cet aspect semble l’avoir profondément impressionné. En effet, sans son évangile, nous ne connaîtrions pas la parabole du bon samaritain, ni celle de la brebis perdue, nous ne connaîtrions pas l’existence de Zachée, ni celle du bon larron, nous aurait échappé le fait que Jésus était accompagné et soutenu par un groupe de disciples, et surtout nous n’aurions pas cette page merveilleuse et éclatante de l’évangile, celle de ces deux fils célèbres, le premier qui revient après avoir claqué la porte de chez lui et le second, l’aîné, en colère contre l’attitude d’un Père qui nous révèle le véritable visage de Dieu.
Dante Alighieri appelait saint Luc « Scriba mansuetudinis Christi », le scribe de la mansuétude du Christ. Habitué aux capricieuses divinités païennes, Luc a dû être foudroyé par la prédication de saint Paul et son cœur a sans doute été immédiatement rempli par ce sourire et ce regard de tendresse du Seigneur qu’il n’avait, tout comme nous, pas connu de son vivant.
C’est ce sourire et cette tendresse de Dieu qu’il nous partage dans son évangile. Et c’est en cela qu’il se révèle véritable disciple du Seigneur. Le disciple transmet ce qu’il a reçu au contact du maître et avec saint Luc nous nous rendons compte qu’il n’y a pas besoin d’avoir vécu avec le Seigneur pour en être son disciple.
Qu’en ce jour saint Luc nous aide à redécouvrir le visage de compassion et de miséricorde de notre Dieu, ce Dieu qui vient à notre rencontre pour nous prendre sur ses épaules et nous ramener à lui, la source de vie. N’est-ce pas ce qu’à notre tour nous aurons de plus beau à faire connaître aux hommes de ce monde ? Nous faire les porteurs de cette Bonne Nouvelle, n’est-ce pas nous faire les porteurs du salut et devenir ainsi à notre tour de véritables disciples du Seigneur ?
Frère Elie
Source : http://www.homelies.fr/homelie,saint.luc,689.html
Image : Saint Luc Guido Reni
Source image : http://www.artliste.com/guido-reni/saint-luc-135.html
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En ce jour où nous fêtons saint Luc, nous pourrions solliciter son intercession pour que les responsables de l’Eglise, et notamment les pères synodaux, laissent vraiment résonner au fond d’eux-mêmes l’appel de l’évangéliste à la confiance en la grande miséricorde de Dieu, le souvenir du souci premier du Christ pour la brebis égarée, son attitude si bien décrite par Luc vis-à-vis de ceux qui étaient pour son époque marginaux par rapport à la Loi. C’est d’abord pour eux que le Seigneur Jésus est venu et s’est donné, comme nous le rappelait le 17 juin 2013 le pape François :
Dans l’Évangile se trouve un beau passage qui nous parle du pasteur qui, quand il revient à la bergerie, se rend compte qu’il manque une brebis, laisse les 99 autres et va la chercher, va en chercher une. Mais nous, frères et sœurs, nous en avons une : il nous manque les 99 autres ! Nous devons sortir, nous devons allers vers elles ! Dans cette culture — disons-nous la vérité — nous n’en avons qu’une, nous sommes une minorité ! Et nous, sentons-nous la ferveur, le zèle apostolique d’aller et de sortir, et de trouver les 99 autres ? Il s’agit d’une grande responsabilité et nous devons demander au Seigneur la grâce de la générosité et le courage et la patience pour sortir, pour sortir annoncer l’Évangile. Ah, cela est difficile. Il est plus facile de rester à la maison, avec cette unique brebis ! Cela est plus facile avec cette brebis, la peigner, la caresser… mais nous les prêtres, vous aussi chrétiens, nous tous : le Seigneur veut que nous soyons des pasteurs, pas des coiffeurs de brebis ; des pasteurs ! Et quand une communauté est fermée, toujours avec les mêmes personnes qui parlent, cette communauté n’est pas une communauté qui donne vie. C’est une communauté stérile, elle n’est pas féconde. La fécondité de l’Évangile vient par la grâce de Jésus Christ, mais à travers nous, notre prédication, notre courage, notre patience.
Source de la citation : http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/june/documents/papa-francesco_20130617_convegno-diocesano-roma.html