Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité.
C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui.
Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux.
Aux yeux de l’insensé, ils ont paru mourir ; leur départ est compris comme un malheur,
et leur éloignement, comme une fin : mais ils sont dans la paix.
Au regard des hommes, ils ont subi un châtiment, mais l’espérance de l’immortalité les comblait.
Après de faibles peines, de grands bienfaits les attendent, car Dieu les a mis à l’épreuve et trouvés dignes de lui.
Comme l’or au creuset, il les a éprouvés ; comme une offrande parfaite, il les accueille.
Au temps de sa visite, ils resplendiront : comme l’étincelle qui court sur la paille, ils avancent.
Ils jugeront les nations, ils auront pouvoir sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux pour les siècles.
Qui met en lui sa foi comprendra la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront, dans l’amour, près de lui. Pour ses amis, grâce et miséricorde : il visitera ses élus.
Sagesse 2, 23-24. 3, 1-9
Textes liturgiques©AELF
Cher Livre de la Sagesse ! Comme nous gagnerions à y puiser encore et encore des paroles de vérité et de vie !
De nos jours, en Eglise, il est de bon ton d’affirmer que Dieu ne veut que notre bonheur, que l’épreuve ne peut jamais venir de Lui, que la souffrance est étrangère à la foi et à la fidélité au Seigneur et que le Dieu d’amour nous comble de bénédictions et de béatitude dès notre vie terrestre. Que souffrir pour et par Dieu relève d’une imposture appartenant au passé et que l’époque du “dolorisme” est révolue.
Combien de fois me suis-je vu opposer ce genre de discours qui relève plus du désir de recruter des baptisés et d’anesthésier ceux qui le sont que de la vérité des Ecritures et de la vie réelle des saints !
Tout se passe aujourd’hui comme si une certaine Eglise voulait emboîter le pas à l’ère du bien-être et du développement personnel qui prospère de nos jours, car à la fois elle décrie cette tendance et y cède. Les croyants qui ont quelques années de plus que moi vont encore me répliquer que le Dieu vengeur qui effrayait nos grands-mères était une illusion visant à les soumettre à une doctrine ou un curé. Que l’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : ma grand-mère paternelle, une sainte de l’humilité et de la piété constante, était terrorisée à l’idée d’aller en enfer pour le moindre petit péché lié à la morale et à la bienséance. Le censeur qui leur tenait lieu de prêtre avait fait son œuvre. Or je n’évoque absolument pas ce type de peur de Dieu et de l’enfer. Ce n’est pas la damnation qui me tourmente. Je veux simplement souligner que pour le chrétien authentique désireux de marcher sur la voie de la sainteté, ce n’est pas de roses sans épines qu’est jonché le chemin de vie.
Chacun, quel qu’il soit, rencontre dans son existence son lot d’épreuves amères. C’est un fait. Mais c’est un fait aussi que le juste, ou du moins celui que tente de l’être, boit plus qu’à son tour à la coupe de l’injustice voire de la persécution.
Observez les malfaisants notoires : tout semble parfois leur sourire. Sans scrupules, ils s’enrichissent. Sans empathie, ils embrassent avec facilité les positions de pouvoir. Sans états d’âme, ils écrasent aisément les opposants sur leur chemin. Sans crainte de Dieu, ils agissent selon leur bon vouloir et savent s’entourer de courtisans. Il n’est qu’à observer les grands instigateurs de guerres et de conflits armés pour retrouver ce genre de profil au sommet des états belliqueux. Les chefs de mafia et de trafic en tous genres ne sont pas ceux qui se portent le plus mal sur cette terre. Et à un niveau plus quotidien, les chefaillons et les arrivistes savent pourrir la vie de leurs collègues et de leurs subordonnés, sans que le retour de manivelle ne se voie nécessairement les sanctionner pour leur cynisme égocentrique.
Quel rapport avec cet extrait de la Sagesse et avec Dieu, allez-vous m’objecter ?
Qui tente d’imprégner sa vie des préceptes divins et des valeurs de l’Evangile ne peut se tenir de façon complaisante aux côtés des malfaisants : soit il les dénonce implicitement, récoltant alors de leur part son lot de persécutions douloureuses, soit il les subit jusqu’à voir sa vie devenir déjà un petit enfer ici-bas. Ce n’est certes pas Dieu, dans ce cas, qui tire les ficelles pour opprimer le juste. Il n’en demeure pas moins que le juste, parce qu’il prend la parole de Dieu au sérieux, est une cible de choix pour qui lui a préféré de toujours les petits et grands pouvoirs octroyés par le Prince de ce monde. Celui-là connaît les siens : sur terre ils sont épargnés, le mal protégeant le mal. Et on voudrait nous faire croire que Dieu cède définitivement le terrain aux protagonistes de l’injustice ?
Je pense tout l’inverse. La force véritable réside dans la résistance aux malfaisants, même si l’on doit recevoir d’eux double part. Le juste n’est pas fait pour les mondanités : ici-bas, prospérité et position sociale enviable sont rarement son lot. A lui l’opprobre voire la précarité. Ce n’est souvent qu’après bien des épreuves, la sagesse et l’âge lui valant peu à peu la respectabilité véritable, que son quotidien s’améliore quelque peu.
Quant aux épreuves venant de Dieu lui-même, elles existent aussi pour celui-là. A Gethsémani, Jésus, l’innocent en personne, pleurait des larmes de sang pour avoir été abandonné de tous les siens. Mais, plus encore que l’assoupissement de ses disciples, le torturait le silence de son Père dans la prière : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Pourquoi ce Dieu qui l’avait accompagné sur tous ses chemins, ce Dieu qu’il n’avait fait que vouloir servir et rendre audible par ses contemporains se dérobait-il à ce moment-là précis, le plus douloureux de son existence ? Pourquoi souffrance et mort se profilaient-elles au terme d’un parcours de Juste des plus irréprochables ?
Non, la mort de Jésus n’a pas été “un accident de l’histoire” dû aux méchants. Je combats cette fausse théologie. Jésus porte jusqu’à son sommet le sens du sacrifice pour la justice et la vérité. Jésus est le précurseur et le soutien de toutes celles et de tous ceux qui ont à souffrir ici-bas par fidélité à Dieu et à ses commandements. Jésus est l’Agneau sacrifié, pour que jamais plus ses brebis que nous sommes ne se sentent seules au moment de leur holocauste personnel. Jésus est notre consolation et notre victoire : car si sa mort est suive d’une éclatante résurrection, alors le Ciel est promis à toutes celles et à tous ceux qui ont cheminé dans ses pas, aimant et souffrant avec lui, parfois sans récompense ici-bas, mais dans une telle promesse de félicité éternelle !
Et même quand ils endurent acédie ou déréliction, et peut-être même précisément à ce moment-là, invisible et imperceptible, le Christ souffrant et ressuscité se tient encore à leurs côtés, tout comme l’ange consolateur à Gethsémani.
1 commentaire
Super texte le Livre de la Sagesse effectivement…
Vous savez que vos nouveaux amis protestants lui refusent le statut d’Ecriture inspiré hein ? C’est pas de bol…