En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.
Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !
Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère ;
tu seras ma louange toujours !
Je revivrai les exploits du Seigneur
en rappelant que ta justice est la seule.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.
Psaume 70 (71), 1-2, 3, 5a.6, 16.17
Textes liturgiques©AELF
Ils répliqueront que ce psaume concerne tous les croyants.
Ils me diront qu’eux aussi sont dans la grâce de Dieu.
Ils insinueront que les catholiques fidèles au magistère sont davantage dans la faveur du Seigneur que le commun des mortels.
Ils contesteront une fois de plus ma légitimité à m’exprimer sur des questions de foi, moi qu’ils jugent hérétique, infidèle à mon baptême, traîtresse à la “Sainte Eglise Catholique instituée par le Christ et gouvernée par le successeur de Pierre” qu’il convient de suivre aveuglément en vertu de son “infaillibilité pontificale” en matière de foi et de tradition ecclésiale.
Ils se plaindront d’être persécutés au nom de la vérité et des préceptes moraux catholiques qu’ils défendent ardemment.
Ils m’abreuveront une fois de plus de leur mépris de caste, eux qui se jugent seuls légitimes en christianisme, sûrs d’être sauvés, pardonnés d’avance de tous leurs péchés et blasphèmes car ils ont “revêtu le Christ” et vaincu le vieil homme en eux par la vertu de leur baptême et de la résurrection du Seigneur Jésus, ils sont d’ores et déjà des créatures nouvelles et s’ils venaient à chuter, l’inconditionnelle miséricorde de Dieu les rendrait de toute façon blancs comme neige.
Ils iront tous au paradis, quant à moi qui suis paria de la seule véritable Eglise, j’ai du souci à me faire pour mon salut.
J’exagère ?
A peine.
J’ai enduré tant de fois ce type de commentaire sur mes publications honnies de ces gens satisfaits de leur appartenance ecclésiale et qui rendent grâce de n’être pas comme ces malheureux hérétiques promis à bien des tourments !
Et pourtant…
Ici, le psalmiste est juif et non pas catholique romain.
Le psalmiste implore la justice de Dieu, et pas seulement sa miséricorde.
Le psalmiste sait qu’il endure persécution, il ne bat pas hypocritement sa coulpe de pécheur, il est conscient d’avoir été choisi par Dieu, conçu de son projet de rédemption pour l’humanité, mis à part dès le sein de sa mère pour louer le Seigneur et endurer de la part des hommes toutes sortes de brimades, d’acrimonie et d’opposition quand il annoncera la vérité, la justice et le jugement de l’Eternel. Le psalmiste est prophète, le psalmiste est différent, le psalmiste a été toute sa vie exigent avec lui-même, courageux, fidèle à son Dieu, en quête de l’unique vérité qui l’anime profondément et qui le stimule et rend fort face à toutes les persécutions endurées dans le monde, à commencer par celles des dévots qui se croient plus légitimes que lui et meilleurs défenseurs des préceptes du Très-Haut.
Mais Dieu sait reconnaître les siens, il sait combler de grâce, de bénédictions et d’exaucements les âmes qu’il s’est choisies pour porter sa Parole et souffrir pour elle.
A l’image du Christ leur Seigneur et Maître, les élus du Père malmènent les marchands du temple et de la foi, dénoncent les pharisaïsmes contemporains et confondent les scribes bardés de diplômes et qui bradent les Ecritures, ceux qui disent que Jésus a dit ceci mais pas cela, a fait ceci mais pas cela, que les Evangiles sont à prendre au sens symbolique, que Dieu est sans puissance et sans colère et qu’en matière de jugement, il n’y aura qu’une pluie de miséricorde sur eux-mêmes et sur tous les meurtriers des plus petits par le sang ou les larmes… Ceux qui, de toute façon, voient dans les passages eschatologiques des Ecritures un “genre littéraire” et attendent tout, sauf le retour du Christ en gloire.
Et comme ceux-là, depuis la nuit des temps, sont générés au sein des institutions religieuses, des castes de dignitaires religieux et des Ordres, comme ceux-là sont dans leur immense majorité des hommes ou alors des femmes qui les vénèrent et les entretiennent dans leur superbe, Dieu donne présentement au psalmiste des filles spirituelles qui sont revêtues comme lui de la cuirasse du témoignage de foi et prêtes à tout endurer pour la Vérité et la rédemption finale des blasphémateurs contre l’Esprit qui fatiguent le Christ Jésus lui-même.
Au jugement, elles apparaîtront dans sa Lumière, justifiées, consolées et bienheureuses pour l’Eternité.
Alors, il sera peut-être temps de se repentir de tout le mal qui leur aura été fait.
Qu’ils soient honteux et disparaissent, ceux qui m’accusent, qu’ils soient couverts de honte et de déshonneur, ceux qui cherchent mon malheur !
Quant à moi, j’espérerai toujours, je te louerai de plus en plus.
Ma bouche proclamera ta justice, ton salut, chaque jour, car j’ignore le nombre de tes bienfaits.
Je raconterai tes hauts faits, Seigneur Eternel, je rappellerai ta justice, la tienne seule.
Psaume 70 (71) 13-16
Traduction Segond