Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue, le jour du sabbat.
Il y avait là une femme, possédée par un esprit mauvais qui la rendait infirme depuis dix-huit ans; elle était toute courbée et absolument incapable de se redresser.
Quand Jésus la vit, il l’interpella : « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité. »
Puis, il lui imposa les mains ; à l’instant même elle se trouva toute droite, et elle rendait gloire à Dieu.
Le chef de la synagogue fut indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat. Il prit la parole pour dire à la foule : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. »
Le Seigneur lui répliqua : « Esprits faux que vous êtes ! N’est-il pas vrai que le jour du sabbat chacun de vous détache de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Et cette femme, une fille d’Abraham, que Satan avait liée il y a dix-huit ans, n’est-il pas vrai que le jour du sabbat il fallait la délivrer de ce lien ? »
Ces paroles de Jésus couvraient de honte tous ses adversaires, et toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.
Luc 13, 10-17
Textes liturgiques©AELF
Nous étions fin octobre 1999, et quelques jours avant, il y avait eu une fois de plus un gros conflit entre mon oncle prêtre ligué avec ma grand-mère contre ma mère. Cette configuration familiale a fait la croix de ma mère toute sa vie. Je n’entrerai pas dans les détails, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que mon oncle n’a pas été un prêtre transpirant la charité du Christ.
De mon côté, j’étais dans un immense jaillissement de foi à cette période, et je ne savais pas comment parler à mon oncle, lui dire ce que j’avais sur le coeur. Et là, je ne sais pas pourquoi, je me suis dit :
“Allons voir ce que les moines de la Pierre-qui-Vire ont écrit l’année dernière, le jour de la naissance de J*” (ma dernière fille).
J’ai ouvert le petit carnet de méditations bibliques publiées par la revue Panorama de l’année précédente, et à la date de naissance de ma fille, je suis tombée sur cette méditation. Je l’ai recopiée et je l’ai envoyée à mon oncle.
“Jésus n’est pas un faiseur de miracles ni un guérisseur professionnel. Par chacun de ces “signes”, il veut éveiller notre attention et notre émerveillement pour l’oeuvre véritable qu’il réalise parmi nous, non point pour cette femme ou cet homme seulement, mais pour chacun d’entre nous. Car, en réalité, cette femme toute courbée vers la terre, qui soudain se redresse et peut voir le ciel, et regarder dans les yeux Jésus et chacun de ces êtres qui l’entourent, c’est nous, c’est moi. Alors soyons “en joie des merveilles accomplies” en ce jour du Sabbat, ce jour du Seigneur qu’est devenue chacune de nos journées illuminée par la foi au Christ ressuscité…
Mais en fait, ne sommes-nous pas souvent un peu comme cet homme intègre, le chef de synagogue, connaissant par coeur tous les commandements et tellement à cheval sur tous les règlements qu’il en oublie de tressaillir de joie à la vue des merveilles du Seigneur qui s’accomplissent sous ses yeux ? C’est un homme qui croit et pratique fidèlement ; c’est même lui qui détient la clef de l’église. Mais il lui manque la clef de la vraie connaissance : il ne s’est pas ouvert au mystère de la Personne vivante du Christ. Sa religion est demeurée lettre morte et ferme aux autres la porte de la vraie religion… Ma foi est-elle vraiment rencontre personnelle, vivante avec le Christ ? C’est pour m’y exercer que Dieu me donne encore cette nouvelle journée, pour redresser la tête et lui rendre grâce, cesser de murmurer.”
J’ai été tellement saisie que j’ai aussitôt lu l’évangile de la femme courbée.
Et alors je me suis dit :
“Mais moi, qu’est-ce que j’ai fait il y a dix-huit ans ?”
Et en faisant le compte à rebours, je me suis rendu compte que cela correspondait exactement aux jours pendant lesquels j’avais brutalement perdu ma foi d’enfant, à une liturgie pénitentielle collective de la Toussaint. J’avais vraiment perdu la foi d’un seul coup, pendant cette célébration, j’en avais pleuré, je ne pouvais plus dire le Credo, je ne croyais plus. Quinze ans d’agnosticisme ensuite…
De cet épisode est née une très belle communion spirituelle avec ce moine, puisque nous avons ensuite entretenu une correspondance de quelques années. Il m’a tant apporté ! Et bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés et qu’il soit dans la maison du Père depuis 2007, je sens encore tous les bénéfices de son ardente prière sur moi…
3 commentaires
Merci Véronique, que c’est beau de regarder dans le rétroviseur de notre vie la tendresse agissante de Dieu…
Nous relisons cet évangile aujourd’hui, et la grâce a continué à opérer. Des années ont passé, beaucoup de prière, beaucoup de dialogues, des remises en question après des deuils… Mon oncle prêtre dont je parle ici n’est plus le même. Il s’est considérablement adouci. Il sait apprécier les marques d’affection, même timides. Dans l’effondrement de son assurance, il a appris à aimer, à entendre les mots d’attention, à poser des questions aussi sur la personne qu’il a en face de lui. Il a retrouvé la petitesse de la créature abandonnée à son Dieu. Sa vie quotidienne est triste, mais son cœur est devenu bien meilleur. Et notre regard sur lui a changé aussi.
Merci, Seigneur Jésus, pour ta Parole de vérité !
Merci aux saints méconnus pour leur intercession…
Le miracle continue à opérer…D’un mal,Il peut en faire un bien telle est la toute puissance de D.ieu