Je ne suis pas née en Alsace et je n’ai pas de sang alsacien dans les veines. Mais j’ai adopté cette région depuis dix-sept ans, et je pense que cette région m’a adoptée. Cela n’a pas toujours été facile, comme pour n’importe quelle adoption. Mais les liens du coeur qui se sont tissés sont forts.
Alors, tout naturellement, je me suis attachée très profondément à la sainte patronne de l’Alsace, sainte Odile que nous fêtons aujourd’hui. Et au lieu où on la vénère le plus : le Mont Sainte Odile. Pour ceux qui n’y sont jamais allés, il faut se figurer une route qui monte haut dans la forêt vosgienne, et un magnifique sanctuaire qui domine toute la plaine. Avec, dressée là-haut et bénissant l’Alsace, sainte Odile la bonne abbesse du couvent qui y fut fondé au VIIe siècle. L’histoire sainte nous raconte qu’adolescente, elle fut guérie de sa cécité le jour de son baptême et qu’elle eut à lutter contre son père brutal et orgueilleux, qui l’avait rejetée à la naissance parce qu’elle était fille et aveugle. Elevée loin de ses parents, revenue auprès d’eux grâce à son jeune frère, elle dut encore fuir un mariage forcé car elle voulait vivre en chrétienne et prendre le voile. De nombreuses religieuses la rejoignirent dans ce lieu que son père finit par lui accorder.
Dans le sanctuaire se trouve le tombeau de sainte Odile. On peut s’y recueillir, dans une toute petite chapelle à l’atmosphère intime. Enfin presque… J’ai toujours un pincement au coeur quand j’y vais, à cause de la déferlante de touristes qui ne respectent pas la sainteté de ce lieu, y parlent fort, déambulent d’une chapelle à l’autre en ne regardant que les pierres et les fresques – magnifiques, il est vrai – font brûler à la sauvette un lumignon, puis ressortent en continuant à bavarder… Parfois je souffre en silence quand je me tiens là, près de notre bien-aimée sainte patronne, que je voudrais prier et que c’est une gageure… Et pourtant, l’église adjacente est vouée à l’adoration perpétuelle, mais tout le monde ne veut pas comprendre que ce lieu est béni…
Il y a aussi un ravissant sentier qui descend jusqu’à une source jamais tarie. La légende raconte que sainte Odile frappa le rocher de sa crosse d’abbesse pour désaltérer un vieillard exténué qui venait en pèlerinage au couvent. C’est une eau très pure, et je ne me prive jamais d’en boire et de m’y rafraîchir.
Le chemin de croix, dans la forêt, est aussi de toute beauté. J’en ai publié quelques photos ici ou là sur ce site.
J’ai vécu là-bas de grandes étapes de ma vie spirituelle… Mais chut, seuls sainte Odile et le Seigneur le savent !