La Visitation (Luc 1, 39-45)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Homélie de frère Antoine
Curieusement, dans le texte de la Visitation, plus long que l’évangile de ce jour, Marie retourne chez elle avant la naissance de Jean-Baptiste. C’est donc que le but du voyage n’est pas de donner un coup de main à la cousine. Ce qui intéresse l’évangéliste, ici et dans tout l’Évangile, c’est de nous parler de l’identité de Jésus. C’est grâce à Élisabeth que nous apprenons que Marie est enceinte (le texte de l’Annonciation restait vague : « l’Esprit viendra sur toi… » Quand ? ). Marie a bien fait de croire à ce qui lui a été dit de la part du Seigneur.
« Heureuse es-tu Marie ». Pourquoi es-tu proclamée bienheureuse ? Parce que tu as cru ! «Ce qui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ». Voici la Bonne Nouvelle, l’heureuse nouvelle : le ciel et la terre se rencontrent et communiquent. Dieu, l’Éternel, entre dans le temps. Les deux font «Alliance », se marient. C’est même le seul « mariage pour tous » que l’Église reconnaît ! Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob veut unir sa vie, la communiquer à tous les hommes ! Mais quand l’éternité rentre dans le temps les pendules humaines déraillent et ne sont plus à l’heure. Pour Élisabeth, stérile et âgée, c’est quand même un peu tard pour avoir un enfant et pour la jeune Marie, pas encore mariée, c’est un peu tôt ! Il y a un décalage qui indique que le point de vue de Dieu est différent de celui des hommes. La grâce est toujours imprévue et hors horaire ! La foi chrétienne nous mettra toujours en porte à faux avec le normal car rien n’est impossible à Dieu !
« Heureux sommes-nous ! ». Que nous est-il demandé de croire ? Que le Seigneur, Maître du ciel et de la terre, est vraiment déjà venu en son Fils Jésus partager notre vie terrestre pour pouvoir nous partager la sienne, céleste. Qu’Il vient encore aujourd’hui par son Esprit faire de nous les temples de sa présence. Oui, maintenant que nous sommes rassemblés en son nom pour écouter sa parole et accueillir sa présence dans l’eucharistie. Si nous ne croyions pas que le Seigneur est déjà venu et qu’Il vient encore, nous ne serions pas ici, en ce moment. Mais la foi nous demande de croire aussi qu’Il reviendra. Voilà qui est plus difficile de croire. On annonçait la fin du monde pour ces jours-ci, une fois de plus, il y a eu tant de fausses prédictions à ce sujet ! Un individualisme exagéré a fait disparaître l’attente collective de la venue du Seigneur pour mettre l’accent de façon exclusive sur la rencontre personnelle avec le Christ, le jour de notre mort. La difficulté principale est liée au manque d’espérance que nous trouvons chez les chrétiens eux-mêmes. Nous avons abandonné l’Espérance, qui est une vertu théologale, liée à la foi, pour des espoirs terrestres comme la santé, la paix entre les hommes. Ce que nous nous souhaiterons amplement pour la nouvelle année. Mais même dans ces espoirs humains que de déceptions ! Les « printemps arabes » avaient suscité du dynamisme bien vite retombé, les injustices épouvantables continuent au Moyen Orient et ailleurs.
Que faire ? malgré la difficulté des temps, nous sommes invités à nous réjouir. Pourquoi ? Parce que le Seigneur est avec nous. Déjà. Mais nous attendons une relation plus claire, plus lumineuse, plus joyeuse. « Il vient ». Voilà ce que le temps de l’Avent nous dit avec force. Sa venue nous est promise. L’Espérance ne déçoit pas.
1 commentaire
Ces derniers jours, de très nombreux internautes sont venus ici pour lire cette belle homélie de mon cher frère Antoine, qui date de 2012. L’actualité n’est plus la même, mais pour ceux qui croient vraiment en toute la Parole de Dieu, en ce quatrième dimanche de l’Avent 2015, l’attente du Seigneur qui vient, intemporelle, est toujours vive !
Viens, Seigneur Jésus !