Le Saint-Esprit dit dans un psaume : Aujourd’hui, si vous entendez la voix du Seigneur, n’endurcissez pas votre cœur comme au temps de la révolte, au jour où, dans le désert, vos pères m’ont mis à l’épreuve et défié. Alors, pendant quarante ans, ils m’ont vu à l’œuvre ; c’est ainsi que je me suis emporté contre cette génération-là, et j’ai dit : « Leur cœur s’égare toujours », ces gens-là n’ont pas trouvé mes chemins. Alors, dans ma colère, je l’ai juré : On verra bien s’ils entreront dans mon repos !
Frères, veillez à ce que personne d’entre vous n’ait un cœur perverti par l’incrédulité au point d’abandonner le Dieu vivant. Au contraire, aussi longtemps que dure l’« aujourd’hui » de ce psaume, encouragez-vous les uns les autres jour après jour, pour que personne parmi vous ne s’endurcisse en se laissant tromper par le péché. Car nous sommes devenus les compagnons du Christ, mais à condition de maintenir fermement, jusqu’à la fin, notre engagement premier.
Lettre aux Hébreux 3, 7-14
Voilà une exhortation pleine d’exigence. Comment y rendre sensibles nos contemporains ?
Je ne suis pas femme à me décourager facilement, mais pour ce qui est d’annoncer la vérité du Christ et de l’Evangile, je dois reconnaître que c’est une mission des plus difficiles dans notre pays et notre vieille Europe. Et je communie à la souffrance des prêtres qui voient leurs églises se vider, leur nombre diminuer, leurs tâches s’empiler au point de n’avoir plus de temps que pour les réunions de pastorale, les sacrements et si peu pour l’écoute des personnes en recherche ou ceux qu’on appelle “les recommençants”. Là où il y aurait un vrai besoin, on ne trouve souvent personne. Je le dis pour l’avoir cruellement vécu.
A cela s’ajoutent toutes les visions déformantes de Dieu que notre monde subit depuis des décennies. Comment annoncer le Christ doux et humble de coeur, quand les islamistes radicaux hurlent le nom de Dieu comme s’il avait armé lui-même leur bras, comme s’il leur fournissait le fouet pour battre les couples qui ont osé s’aimer hors des lois établies, comme s’il avait tissé lui-même la burqa sous laquelle étouffent littéralement et humainement les femmes opprimées par ces sociétés ne reconnaissant de valeur qu’à la virilité – dans sa plus abjecte expression ?
Sous nos latitudes, le message n’est pas plus clair. Là où le Christ s’adressait en priorité aux pauvres, aux petits, aux humiliés de toutes sortes, nous ne voyons les catholiques se manifester en masse que pour des questions de société ayant trait encore et toujours à la sexualité. Qu’on demande à n’importe quel Français non-croyant ce que représente pour lui l’Eglise, il répondra légalisme au niveau de la contraception, des relations sexuelles hors ou dans le mariage, et du mariage lui-même. Voilà les seuls messages de l’Eglise qui passent encore audiblement dans la société. Et qui contribuent à l’enfoncer dans cette image d’institution conservatrice, qui recrute ses troupes dans les sphères aisées de la société, celles qui envoient leurs enfants dans les écoles privées payantes et ne retiennent de la charité que quelques dons annuels aux oeuvres caritatives qui leur vaudront des reçus fiscaux.
Alors oui, pour avoir passé presque toute ma vie aux côtés des incrédules, je peux comprendre que ce Dieu-là ne leur inspire pas d’intérêt à le connaître davantage, d’autant plus que l’on peut très bien s’engager dans l’humanitaire sans le faire par charité chrétienne – on pratique une des vertus théologales comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir.
Restent la foi et l’espérance – et de ces deux vertus-là, notre société est très cruellement privée. Les fausses images de Dieu découragent de Le chercher dans ce qu’Il est intrinsèquement. Alors on se perd dans les méandres du développement personnel, on s’épuise à reculer les marques de l’âge sur notre corps, on se cherche, quand même, une spiritualité épanouissante pour soi dans les philosophies orientales.
Qui songe encore à aimer Dieu pour Lui-même ?
Qui est brûlé par l’ardent désir de partager l’Evangile comme la seule vraie Bonne Nouvelle qui fut jamais donnée à l’humanité ?
Qui ose encore croire au vrai terme de la Révélation, le retour du Christ en Gloire, pour rétablir toute justice ?
Seigneur Jésus, pour l’amour de ton Nom, je ne cesserai pas de confesser et de confesser encore ma foi en ta Parole.
Image : Saint Benoît écoute, Terre cuite de Fr. Antoine Gélineau, © Abbaye de Tamié