Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : «Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ?» Jésus répond : « Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront.
Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »
Marc 2, 18-22
Cet Evangile m’a toujours parlé d’une façon particulière. J’avais beau le lire et le comprendre, je me sentais comme les disciples de Jésus, un peu regardée de travers parce que je ne suis pas une grande adepte du jeûne. Bien sûr, je marque le Carême, je fais quelques sacrifices que je confie à Dieu seul et que mes enfants connaissent, mais c’est entre Lui et moi. Je n’ai jamais été capable de jeûner entièrement un Mercredi des Cendres ou un Vendredi Saint. Ni jamais d’ailleurs.
Alors, mauvaise catholique ?
Les comptables de la vertu le diraient certainement.
Je me sens aussi de ce fait bien petite par rapport aux carmélites et autres ordres contemplatifs pour lesquels j’ai tant d’admiration et de respect. Je me connais trop bien pour savoir que je n’aurais pas pu endurer pareille discipline.
Les restrictions alimentaires drastiques, j’ai connu, quand j’ai tenté à plusieurs reprises de perdre du poids. J’ai tenu parfois jusqu’à six mois pour un beau résultat. Mais les femmes qui ont comme moi un problème récurrent de rondeurs me comprendront : à “faire régime”, on devient associale, obsédée par son poids, et dès qu’on arrive au stade de la stabilisation, en peu de temps on reprend tout, et bien souvent plus encore.
Et ne nous voilons pas la face, on le fait pour plaire aux autres et sous leur pression bien plus que pour soi-même. J’ai d’ailleurs toujours été agacée par cette classification : minceur vertueuse voire héroïque / rondeur coupable. Comme s’il y avait définitivement une supériorité non seulement esthétique mais encore morale de la minceur sur la rondeur.
Lasse de faire du “yoyo”, j’ai décidé un jour d’en finir avec la folie des régimes. Et d’ailleurs, je n’avais plus aucun désir de plaire à un homme, et quelle liberté, enfin !
On va m’objecter que ce que j’écris là n’a rien à voir avec l’Evangile d’aujourd’hui. Je n’en suis pas si sûre.
J’ai compris une fois pour toutes que je n’étais pas faite pour le jeûne. Il me met de très mauvaise humeur : est-ce alors quant à moi une manière de plaire à Dieu ?
Je n’en tire aucun fruit spirituel. Car si j’ai la chance d’avoir un corps en relative bonne santé et qui ne me fait pas beaucoup souffrir, je ne peux pas dire pour autant que je ne connais pas la souffrance. Les souffrances de l’âme, je les ai toutes endurées, et j’en endure encore. Je les ai beaucoup édulcorées dans mon témoignage, par respect pour mes proches.
Je sais que le Seigneur aime qu’on lui offre des sacrifices qui soient des offrandes spirituelles. Pour tels chrétiens, ce sera le jeûne, et j’applaudis. Pour d’autres ce sera d’endurer de douloureuses maladies sans s’en plaindre, et j’en suis admirative. Je pense à ma chère sainte Thérèse d’Avila, qui est un vrai modèle en ce domaine, comme le furent d’ailleurs de nombreuses mystiques.
Et si je peux m’en ouvrir ici, ce que j’offre au Seigneur est bien différent. Il y a ma difficile situation de maman solo qui travaille et assume seule l’entretien d’une maison, et des millions de femmes peuvent comprendre ce que cela implique. Il y a le fait d’être incomprise par nombre de mes amis les plus proches qui ne sont pas croyants et se plaisent à me le répéter. La foi étant mon tout, et eux arguant que Dieu n’est qu’une supposition, une option, ou pire, une invention – quand ce n’est pas carrément l’origine de tous les maux du monde – je suis donc niée jusqu’au fond de moi-même, censée dédier toute ma vie à un néant. Ce n’est pas une petite souffrance, d’autant plus que j’ai pour mes amis une affection des plus sincères.
Il y a tous les sarcasmes que je reçois sans arrêt en pleine figure, sous un tas de formes, même très larvées, parce que ma situation fait désordre dans l’Eglise catholique, qu’elle me disqualifie d’emblée, et si en plus ma parole dérange, alors on préfère me coller une étiquette d’aliénée et clore là tout débat.
C’est pour moi une mortification permanente.
Je l’accepte car je sais bien qu’elle plaît au Seigneur, que c’est celle-là qu’il m’a offert de lui offrir. Et s’il ne me demande pas en plus de jeûner, c’est bien parce que lui, l’Epoux, est avec moi, tout près de moi, vin nouveau qui ne cesse de couler dans mes veines…
Image : Noces de Cana Giotto
4 commentaires
Bonjour j’avais du mal a comprendre le terme jeûne,régime,les époux étaient avec eux.J’ai bien aimé le récit de André Bondu au sujet de son épouse.Clémentine S Says la fin…. j’ai la paix,je veux que la paix..hé bien je me retrove un peu après 40ans de mariage 3enfants une vie sans Pb. Mon épouse me disait tjrs oui quand je lui faisais des propositions d’avenir je suis 1homme d’ambitions et de sagesse,âgé de 4ans en plus qu’elle nous travaillons dans la même ville à 38km de chez j’ai changé d’horaire de travail 3 repris pr la faire plasir en voiture pourtant elle a son permis elle a jamais voulu condiure.Le jour que j’ai pris ma retraite elle a changé en disant j’ai pris ma retraite pour la punir de ne pas la confiure à son travail elle a voulu que je la conduit ts ls jrs à son travail,moi je disais un fois de temps en temps hé bien non.j’ai fait de la résistense depuis notre couple à des hauts et des bas.Nous avons 1maison en métropole et notre rêve et à notre retraite de partir dans notre pays dorigine aux Antilles que les Seigneur nous a permis de faire une belle maison sans trop d’histoire elle a voulu couter les conseils des Témoins de G.les biens matériels reste à la terre.Ben je suis parti sens histoire profiter de notre grande maison seule aux Antilles on s’appelle de temps en temps c’est pour vous dire malgré des Pb de santé je suis en paix je veux qu la paix j’bien aime cette phrase.
Bonjour Clotaire,
Une seule question : votre épouse, elle, est-elle en paix ? Je ne sais pas si la paix du cœur peut se gagner au détriment d’autrui, a fortiori de son conjoint après 40 ans de mariage ! Pardonnez-moi si ma réaction est un peu abrupte, mais je ne comprends pas bien le sens de votre message ici.
Et bien, je n’en parle pas comme ça, j’ai la paix. Je ne veux que la paix. Aujourd’hui, je l’ai trouvée et c’est une grande joie d’avoir trouver la paix.
clem
Véronique, j’ai connu, à travers le calvaire qu’ a vécu ma femme pendant de nombreuses années,ce que c’ est que de faire régimes sur régimes pour maigrir et perdre ses rondeurs, et toujours devoir recommencer..
Elle avait un très forte charpente osseuse et un large bassin. Ce qui fait qu ‘elle grossissait très vite, et, qu’ à 30, 40 ou 50 ans, c’ est pénible à vivre..
même si on vous dit que vous n’ êtes pas difforme et que les rondeurs des hanches sont très acceptable et que, de toute façon, on vous aime comme cela…mari et enfants !
Alors le jeûne du carême n’ était pas une préoccupation à la maison ! elle jeûnait assez comme cela… Les enfants n’ avaient pas à jeûner, et, moi, je n’avais pas à faire de régime particulier..
Pour nous, le carême, c’ était, sur le plan alimentaire, se priver de friandises,
et de tout ce qui pouvait être une insulte pour ceux qui n ‘ont rien et qui ont faim.
Cela a bien changé vers la fin de sa vie, et, quand elle est morte, les bras, les jambes et tout le corps étaient d ‘une telle maigreur !
Il a fallu la rassurer, car elle se trouvait moche et ridée, ce qui était complètement faux ! Bien sûr, elle vieillissait, mais elle vieillissait bien, sa peau était belle et lisse. Elle n’avait pas de poches sous les yeux ! J’avais beau lui dire de se comparer avec toutes les autres femmes qui nous entouraient, même bien plus jeunes, et qui étaient beaucoup moins belles qu’ elle ! Elle est toujours restée coquète..; Et ce n’ était pas un défaut !
L’ avantage de Paris sur la province, c’ est qu ‘on n’ a pas à affronter les quolibets et les critiques de son entourage, y compris à la paroisse.
En revanche, c’ est moi qui me suis mis à grossir pendant les 12 dernières années de sa vie, peut-être en raison des soucis et d’une sédentarisation poussée à l’ extrême… Mais, je ne me suis jamais soucié de mon âge ni de mon embonpoint; Et je mange si peu qu ‘il n’ est pas question de jeûner !
Depuis sa mort, j’ ai maigri de 12 kilos, sans le chercher..
En ce qui te concerne, ce que je trouve incompréhensible, c’ est que tu puisses faire l ‘objet de sarcasmes, de réflexions concernant ta situation, qu ‘on te traite d’ aliénée, au point que cela devienne pour toi une mortification permanente;..
Je dois avouer qu’ avant de connaître *, je ne savais vraiment pas ce qu’ était une vraie grenouille de bénitier. De toute ma vie, je n’ avais jamais connu personne qui passe son temps à vous trouver des poux dans la tête et à vous faire des remarques à tout bout de champ .. dans quelque milieu que ce soit. .. Je me suis trouvé brusquement avec plein de défauts, dont je n’ avais jamais eu conscience ..
Vivons heureux avec l’ Epoux, le Marié, en attendant de le retrouver ( pour moi, bientôt) dans le festin des Noces de l’ Agneau…
.