Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. »
Matthieu 5, 17-19
Jésus savait ce qu’il disait. Il est certes venu pour nous donner des commandements nouveaux, qui sont présents à chaque page de l’Evangile, mais il devait bien savoir aussi qu’avant l’accomplissement complet des Ecritures – son retour en Gloire pour “juger les vivants et les morts” – la Loi juive n’aurait pas disparu pour autant. Et c’est bien le cas, le peuple juif existe toujours, malgré les horreurs de la Shoah, et nombreux sont ceux qui en pratiquent encore la Loi.
Quant aux chrétiens, les apôtres ont tranché pour nous : saint Paul connut certainement par révélation du Christ qu’il n’y avait pas lieu de surcharger les épaules des païens convertis à l’Evangile de la Loi de Moïse, et il alla jusqu’à faire des remontrances à Pierre quand celui-ci hésita à partager la nourriture des païens (Galates 2, 11-21).
Nous sommes arrivés aujourd’hui à un certain paradoxe : la judéité a continué à se transmettre et malgré ce que Paul nous dit dans cette Epître aux Galates, il me semble qu’un Juif qui vit honnêtement sa foi, dans l’observance de la Loi de Moïse et en ne nuisant pas à son prochain, peut parfaitement être justifié et sauvé. Ne sommes-nous pas, en tant que chrétiens, sauvés par le sang du Christ ? Or le sang du Christ juif ne coule-t-il pas dans les propres veines de ceux du peuple dont il est issu ? Tout est à mon avis une question de fidélité à sa foi et de transparence devant Dieu, dans le souci du bien du prochain. Comme j’aime à en faire souvent le parallèle, il me semble complètement aberrant de prétendre qu’Hitler a été sauvé parce qu’il était baptisé et Anne Frank non justifiée parce qu’elle était juive. Plus récemment, j’ai admiré la foi juive pure et lumineuse de la petite Annaëlle Chimoni, dont il faudrait être d’une absolue malhonnêteté pour prétendre qu’elle n’a pas part, morte encore enfant et si sainte, à la joie du Ciel.
Il conviendrait plutôt de nous examiner, nous, chrétiens. Notre baptême n’est-il pas souvent un bagage vide ? Quelle est la proportion de catholiques baptisés qui sont capables de confesser ouvertement : “Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu et qu’il est ressuscité”, car c’est bien là ce que doit être notre foi chrétienne ? Combien de catholiques ne communient qu’une seule et unique fois dans leur vie : le jour de leur première communion, qu’on fête autour d’une bonne table en déballant des cadeaux, principale motivation des enfants ? Combien de catholiques ne franchissent le seuil d’une église que pour assister à des funérailles, ou, déjà plus rare, à un mariage ? Ce mariage à l’église étant d’ailleurs souvent choisi bien plus pour la beauté de la cérémonie et la photogénie des lieux que pour une motivation de l’ordre de la foi…
Quand vient la maladie, quand approche la mort, on commence à se poser quelques questions sur le sens de l’existence… Et on se fait rassurer : le baptême nous assure le salut, le Christ nous a tous sauvés sur la croix, tout est pardonné…
Quand je m’exprime ainsi, c’est moi que l’on accuse de ne pas être chrétienne. Le bon Jésus est si riche en miséricorde !
Il n’empêche qu’il nous a donné des commandements d’une rare exigence, et que comme pour ce qui est de la loi civile, nul baptisé n’est censé les ignorer…
1 commentaire
Je crois en la Miséricorde de Dieu, mais pas en la déformant à ce point pour se rassurer et se donner bonne conscience à bon compte..
“Quand je m’exprime ainsi, c’est moi que l’on accuse de ne pas être chrétienne. Le bon Jésus est si riche en miséricorde !”;
Ceux qui t’ accusent ne peuvent pas être de bonne foi, Véronique !
Jésus n’ est, quand même, pas mort sur la Croix pour passer un coup de chiffon sur un tableau noir et nous sauver malgré nous !
Entre un tel laxisme et l ‘intégrisme, il y a , quand même, une grande marge !
La “Nouvelle Evangélisation a du pain sur la planche pour remettre de l’ordre dans les idées !
” Nous irons tous au paradis ! ” avec Hitler ? mais pas Anne Franck et Annaëlle ???