J’aime beaucoup ce verset de Luc. Jésus a voulu annoncer la parole de Dieu dans la synagogue de Nazareth, son propre village, et là, tous ont été furieux contre lui, tentant de le précipiter en bas d’un escarpement pour se débarrasser de cet “empêcheur de tourner en rond”. Mais Jésus lui ne veut pas tourner en rond, justement. Il passe au milieu d’eux et il va son chemin. Quiétude de Jésus. Certitude que le Père est avec lui, que comme tous les prophètes, il ne va pas être accueilli chez lui, mais ailleurs, oui, le Père le lui a promis. Il quitte ce village où il a grandi, où il a commencé sa vie d’homme, où pour tous il n’est que le fils du charpentier – ce n’est pas Marie, dans sa parfaite humilité, qui aurait colporté partout qu’elle avait enfanté le Fils de la promesse. Jésus est aux yeux des Nazaréens un Juif observant, et rien de plus. Ce n’est pas ici qu’on lui accordera ne serait-ce que le titre de Rabbi. Qu’il reste à sa place de charpentier ! Chacun bien à sa place, et que celui-là ne vienne pas nous faire la leçon !
Il passe son chemin. Il a mieux à faire que de se quereller avec les hommes au milieu desquels il a grandi. Il sait qu’Isaïe parle de lui quand il prophétise ( Isaïe 61,1):
“L’esprit du Seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m’a donné l’onction ; il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part de Yahvé.”
Jésus doit entrer dans sa mission d’annonce de la parole du Père, lui qui est le Verbe de Dieu. Et comme le Père connaît la dureté de coeur et d’oreille de ses enfants, il donnera des signes, des guérisons en grand nombre, pour soulager les malades mais aussi pour justifier Jésus.
Il va son chemin. Il sait que d’autres chemins croiseront le sien, et qu’à ces carrefours, il trouvera des disciples, qui discerneront en lui ce que les Nazaréens n’ont pas su comprendre.
Les scribes, les pharisiens, les docteurs de la Loi seront toujours là, en travers de son chemin. Mais rien ne l’arrêtera, car sa vie, c’est faire la Volonté du Père.
3 commentaires
Qu’un homme puisse échapper à une foule en furie qui veut le tuer, me laisse perplexe sur les moyens mis en oeuvre par cet homme pour exercer sa puissance (= cela tient du miracle, en langage chrétien) ; c’est pourquoi, pour moi, ce « mais Lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin » réalise ce que les grands prêtres, les scribes et les anciens Lui réclameront pour Lui faire confiance à savoir : « Qu’il descende de sa croix et nous lui ferons confiance. » Pour moi, cette « descente de croix » spectaculaire avait déjà eu lieu à Nazareth avec la mise en oeuvre de la capacité d’un homme à s’extraire d’une foule en furie qui veut le tuer.
Bonsoir.
Je cherchais ce verset et voici que je tombe sur votre site, très joli.
Un jour que je me confessais, je parle de Jésus à mon confesseur, le Père Jacques, un moine cistercien. Je lui dis être plus familier de la Vierge Marie et de saints comme François, la petite Thérèse, le bienheureux Charles de Foucauld… Il me demande si je prie Jésus. Je lui réponds que j’ai du mal… (Oui! c’est un comble.) Que je le trouve un peu efféminé… “Oh! non, me rétorque-t-il, au contraire, je le trouve d’une grande virilité!” J’ai cherché… Un jour, je tombe sur ce verset de Luc et je tombe en arrêt.
Depuis, quand je pense au Christ, je l’imagine sur cet escarpement. Je le vois dans sa tunique et j’entends le frôlement de son vêtement (semblable au murmure de la tunique cistercienne lorsque le moine marche avec empressement). C’est pour moi une des plus belles images d’un homme libre.
Autre comble : je ne parviens jamais à mémoriser ce verset. J’espère que grâce à vous, c’est chose pour jamais entendue.
Cordialement,
Ignace Marchal
Merci beaucoup pour ce commentaire fraternel, Ignace, soyez le bienvenu, et que le Christ Jésus vous accompagne sur tous vos chemins ! C’est le meilleur des compagnons de route ! 🙂