Pour Jeanne d’Arc dont l’Eglise fait mémoire le 30 mai, je voudrais écrire non pas un billet d’historienne, ni un billet de catholique revancharde, et encore moins un billet de militante d’extrême-droite. Qui me connaît ne peut l’ignorer : je suis profondément hostile aux idées, aux slogans et aux méthodes de l’extrême-droite française. C’est d’ailleurs depuis longtemps un sujet de chagrin pour moi qu’elle se soit emparée de la figure de Jeanne d’Arc.
Ce que je voudrais exprimer, c’est la tendresse que j’ai pour Jeanne d’Arc, pour cette figure si belle, si pure et si courageuse dans le martyrologe chrétien.
Mon attachement à Jeanne d’Arc me vient premièrement de mes origines : comme elle je suis lorraine. Aussi était-elle une figure bien présente dans mon enfance, que ce soit dans les cours d’histoire ou dans les statues présentes dans toutes les églises.
A 19 ans – l’âge auquel, condamnée de façon inique par l’Eglise, elle fut conduite en 1431 à une mort atroce au bûcher – avec une amie, j’ai visité sa maison natale à Domrémy. Ce fut pour moi une grande émotion, peut-être la première vraie rencontre intime avec Jeanne.
Revenue à une foi très vive à la trentaine, c’est encore Jeanne d’Arc qui fut, entre toutes les saintes, celle qui m’accompagna le plus dans cette profonde conversion. C’est sans aucune hésitation que je mis ma plus jeune fille sous son saint patronage, aimant autant son prénom que sa personnalité. Et maintenant qu’elle est adolescente, je mesure mieux ce que Jeanne d’Arc a accompli d’inouï à un âge encore si tendre et vulnérable.
Pour moi, jeune maman, j’eus à endurer l’épreuve d’un long combat spirituel mêlé de souffrances psychiques, de moments de désespoir, je me sentais cernée d’incompréhension, abandonnée à mes luttes intérieures, rejetée aux marges de l’Eglise. Dans ces moments si douloureux, je suppliais Jeanne d’Arc de me venir en aide en implorant son intercession, en lui brûlant des cierges. Et l’apaisement venait, Jeanne était là qui veillait, qui compatissait.
Aujourd’hui, bien plus sereine, je la garde dans un recoin privilégié de mon coeur. Tous les jeudis, je vais à la messe dans une église qui a placé sa statue au fond du choeur, et j’aime la savoir là, veillant sur cette petite assemblée en prière. Elle m’aide à garder confiance dans mes propres combats. Ce que Dieu veut, il sait l’accomplir par les plus humbles de ses servantes, c’est d’ailleurs tout le sens de l’évangile que nous lisons aujourd’hui (Marc 10, 32-45). J’ai de la colère contre certains écrivains contemporains qui veulent faire de Jeanne d’Arc une fille de noble famille – quand on ne dit pas qu’elle était un homme ! – , gommer en elle tout ce qui lui venait de son intimité avec le Seigneur, nier que la seule force de sa prière ait pu l’amener à accomplir des oeuvres aussi grandes et décisives pour notre nation. En détruisant la vérité de Jeanne, ils veulent du même coup s’en prendre à la vérité de l’Evangile.
Sainte Jeanne d’Arc, bien-aimée du Seigneur, intercède pour notre pays traversé de tant de maux, donne-nous ta foi confiante et audacieuse, et que le témoignage de ta vie toute donnée nous ramène aux vérités fondamentales de l’Evangile, là où il n’y a ni haine, ni discrimination raciale, ni violence arrogante, mais seulement volonté du Fils d’accomplir pleinement la Volonté du Père, avec la puissance de l’Esprit Saint.
Image : Jeanne d’Arc priant dans l’église de Sèvres Paul Hippolyte Flandrin
Un peu d’histoire : http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/sainte_Jeanne_dArc/125788
Et une très belle catéchèse de Benoît XVI sur sainte Jeanne d’Arc : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110126_fr.html