Tobie se mit à gémir et à prier en pleurant : « Tu es juste, Seigneur, tous tes jugements sont justes, et tous tes chemins sont miséricorde, vérité, jugement. Et maintenant, Seigneur, souviens-toi de moi ; ne me punis pas pour mes péchés, ne te rappelle pas mes fautes, ni celles de mes pères. Nous n’avons pas obéi à tes commandements ; c’est pourquoi nous avons été livrés au pillage, à la déportation, à la mort, aux moqueries et aux injures de toutes les nations chez lesquelles tu nous as dispersés. Oui, Seigneur, tes jugements sont sévères, parce que nous n’avons pas agi selon tes commandements et que nous n’avons pas eu devant toi une conduite loyale. Et maintenant, Seigneur, agis à mon égard selon ta volonté ; ordonne que mon esprit soit reçu dans la paix, car pour moi, mieux vaut mourir que vivre. »
Le même jour, dans une ville du pays des Mèdes, il arriva aussi que Sara, fille de Ragouël, se fit insulter par une des servantes de son père. Elle s’était mariée sept fois, mais un démon, appelé Asmodée, avait chaque fois tué le mari dès qu’il avait voulu s’unir à elle. La servante accusait donc la jeune fille de cette faute ; elle lui disait : « Que jamais on ne voie sur terre un fils ou une fille nés de toi, meurtrière de tes maris ! Veux-tu donc me tuer, moi aussi, comme tu as déjà tué tes sept maris ? » En entendant ces paroles, Sara monta dans la chambre du haut, et elle resta trois jours et trois nuits sans manger ni boire ; elle faisait de longues prières, et elle implorait Dieu en versant des larmes pour être délivrée de ce déshonneur.
En ce temps-là, les prières de l’un et de l’autre furent agréées devant le Dieu Très-Haut dans sa gloire, et le saint ange du Seigneur, Raphaël, fut envoyé pour les guérir l’un et l’autre, car leurs prières avaient été présentées en même temps devant le Seigneur.
Livre de Tobie 3, 1-11.24-25
Dans tout l’Ancien Testament, le Livre de Tobie est l’un de mes préférés. Il raconte une belle histoire qui pourrait paraître un conte, mais qui est très riche spirituellement. Dans cet extrait, on contemple Tobie le père, un homme juste auquel rien n’est épargné : souffrances communes au peuple juif déporté, persécutions parce qu’il veut malgré tout rester fidèle à la foi de ses ancêtres en enterrant les morts à la manière juive, cécité brutale qu’il subit en plus des aigreurs de son épouse. Et dans toutes ces souffrances, il garde la foi, pure, forte, intacte. Il ne récrimine jamais contre Dieu.
De l’autre côté, la jeune Sara sa parente, humiliée par un démon qui fait mourir tous ses maris avant même que le mariage ne soit consommé. Sara aurait pu aussi se révolter contre Dieu, mais au contraire, elle l’implore dans le jeûne et dans les larmes.
Et voilà que ces deux bien-aimés du Seigneur, le vieillard épuisé et la jeune fille désespérée, sans le savoir, entrent dans la communion des saints. Leurs prières se mêlent l’une à l’autre dans le coeur de Dieu et il va leur envoyer son ange pour les exaucer, en mêlant intimement leurs destins. Le fils de Tobie, assisté par Raphaël – “Dieu guérit” – va trouver à la fois le remède pour guérir la cécité de son père et une épouse, puisqu’il va unir sa vie à celle de Sara, dans la foi de leurs pères, anéantissant ainsi le démon qui la persécutait et faisait sa honte.
Combien de fois n’ai-je pas lu ce livre magnifique ! Et quelles forces j’y ai trouvées pour ne jamais douter de Dieu, même quand le sort semblait s’acharner contre moi et qu’un grand fossé de solitude se creusait autour de mon âme désespérée…
Mais aucune prière n’est jamais perdue pour le coeur de Dieu, et là ou deux ou trois s’unissent en son nom pour faire monter vers Lui une même supplique, c’est la joie du Père et du Fils que de nous exaucer…
Source image (et méditation intéressante…) : http://giboulee.blogspot.fr/2009/07/prier-crier-interceder.html