1 Rois 17,17-24
Psaume 29
Galates 1, 11-19
Luc 7, 11-17
A deux reprises, dans le Premier Testament, on nous parle de la résurrection d’un mort : Elie rend un enfant à une veuve avant qu’Elisée ne fasse pareil avec le fils de la Shounamite. Le livre des Actes, dans le Nouveau Testament, rapporte lui aussi deux résurrections : Tabitha, une femme de Joppé, recouvre la vie à la prière de Pierre tandis qu’un adolescent, Euthique, revient à la vie après l’intervention de Paul à Troas.
Dans les évangiles, Jésus lui-même affronte la mort. Il lui arrache trois personnes : la fille de Jaïre, son ami Lazare et, comme le raconte saint Luc, le fils de la veuve de Naïm.
Cependant aucun de ces sept récits ne parle de résurrection à proprement parler. Ils nous montrent des réanimations, analogue aux guérisons de malades. Car ces trois miraculés, une fois réanimés, ont dû, bien sûr, vieillir, devenir malades et alors vraiment mourir.
La réanimation du jeune homme de Naïm, comme celle des six autres personnes dont parlent les Écritures, est foncièrement différente de la résurrection du seul Christ Lui-même. Quand Jésus rend à sa mère le jeune homme de Naïm, il lui redonne comme un supplément de temps sur la terre. Il ne s’agit pas d’une autre vie, mais de la prolongation de la même vie. C’est pourquoi les foules voient spontanément dans ce prodige la guérison d’une maladie très grave. Les contemporains de Jésus attribuent à un prophète, à guérisseur, le pouvoir de ramener des morts à la vie, comme le firent Élie et Élisée. Un retour à la vie est certes une guérison plus forte que les autres, mais une guérison.
Il ne s’agit pas du tout de cela pour Jésus. Lorsqu’il ressuscite, quand il sort vivant du tombeau, ce n’est pas pour reprendre ou continuer sa vie sur la terre d’avant sa passion et sa croix. Ce n’est pas non plus rien qu’une manière de dire que la puissance de Dieu est plus forte que celle de la mort. Quand Jésus ressuscite, Il ressuscite pour une vie radicalement autre, une vie nouvelle, pour une vie éternelle, pour une vie qui n’est plus de ce monde. Jésus ressuscité disparaît de ce monde. Il n’est plus visible, il n’est plus soumis au temps, à la précarité, à l’usure, au vieillissement et à la mort.
Jésus ressuscité est vainqueur définitif de la mort. Il ressuscite pour ne plus jamais mourir. « Le Christ ressuscité des morts ne meurt plus »nous dit saint Paul. « Sur Lui la mort n’a plus d’empire. » Quand Il ressuscite, la vie est définitivement victorieuse de la mort. Il fonde, en sa chair ressuscitée, un monde nouveau, un renouvellement si radical du monde, qu’il en devient autre. Ce n’est plus un monde éphémère, soumis au malheur et à la mort, qui va, petit à petit, vers sa perte, vers sa fin, vers son entropie diraient les physiciens. C’est un monde au-delà de la mort.
Le seul Ressuscité, c’est Jésus. Mais en lui, -et c’est la bouleversante heureuse nouvelle que nous avons à donner à temps et à contretemps -, le mal et la mort sont terrassés. En lui, la vie est gagnante, définitivement. Ces sept résurrections bibliques pour extraordinaires et bouleversantes qu’elles aient été ne sont que des signes avant-coureurs, des images encore très imparfaites et très pâles, de la Résurrection du Christ et de la nôtre qui vient.
En nous, il ne s’agira pas d’un complément de vie, mais d’une vie définitive, comme dans le Christ, d’une vie en plénitude, d’une vie qui n’a plus de rivage et qui n’a plus de fin. C’est à cette vie éternelle que nous allons communier car nous recevons la chair du Christ Ressuscité. En nous la résurrection est déjà commencée. Rendons grâces à Dieu pour ce don qu’Il nous fait.
Source : http://www.kerit.be/homelie.php