Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »
Matthieu 5, 1 – 12
L’humanité a-t-elle jamais entendu plus belle et plus forte parole que celle-ci ?
Chaque année, à la Toussaint, je vibre en entendant les Béatitudes selon saint Matthieu.
Marx disait : “La religion est l’opium du peuple.”
Quelle erreur !
Ce n’est pas du tout au sommeil et à la passivité que les Béatitudes nous appellent. C’est plutôt à une sorte de résistance, non violente mais néanmoins active. Résistance à l’esprit du monde qui tend toujours à nous incliner vers l’inverse des Béatitudes.
Que nous enseigne-t-on en histoire ? Les faits de guerre bien plus que les efforts significatifs de paix.
Heureux les artisans de paix !
Que dit-on aux enfants pour les encourager à s’investir dans leurs études ? “Travaille pour avoir un métier qui te plaise et qui te permette de bien gagner ta vie.”
Heureux les pauvres de coeur, ceux qui ambitionnent d’accomplir leur conscience et de vivre en harmonie avec leur prochain plutôt que de s’enrichir !
Quel message récurrent la société nous envoie-t-elle ? “Sois un battant, une battante ! Blinde-toi, défends-toi !”
Heureux les doux !
Quelle est la quête permanente de nos contemporains ? Le bien-être, le bonheur, fût-il illusoire.
Heureux ceux qui pleurent !
Que faisons-nous pour lutter contre le juridisme de notre époque, la capacité à gagner un procès du moment que nous payons grassement un avocat soucieux non pas de la vérité mais de la justification de son client, qu’il soit dans son bon droit ou non ?
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice !
Comment luttons-nous contre la dureté des coeurs, la tendance à chercher vengeance ?
Heureux les miséricordieux !
Que faisons-nous pour nous configurer au coeur du Christ, pour nous dépouiller de notre ego et chercher inlassablement à le rencontrer dans la prière et dans le prochain ?
Heureux les cœurs purs !
Quelles mortifications de l’âme, de la réputation, de la réussite sociale sommes-nous prêts à endurer par attachement à l’idéal évangélique, à la parole du Christ ?
Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi !
Seigneur tu le sais, bien souvent la récompense ne vient pas dès cette vie. Mais même si le monde a de la haine contre nous, donne-nous la force de la foi, la confiance en ta parole, la certitude que la terre nouvelle sous les cieux nouveaux est toute proche d’advenir, et qu’en ce Royaume de justice, de paix et d’amour, tous nos renoncements et nos combats pour la juste cause et l’Evangile seront récompensés bien plus qu’au centuple !
Image : Les Béatitudes Philippe de Champaigne XVIIe