Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait:
« Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces.
C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. On ne cueille pas du raisin sur des épines, ni des figues sur des chardons.
C’est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits, et que l’arbre mauvais donne des fruits détestables. Un arbre bon ne peut pas porter des fruits détestables, ni un arbre mauvais porter de beaux fruits.
Tout arbre qui ne donne pas de beaux fruits est coupé et jeté au feu.
C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. »
Matthieu 7, 15-20
J’ai déjà commenté cet évangile l’année dernière, mais comme il ne cesse de m’interpeller, j’y réagis une fois encore.
Grâce ou croix que le Seigneur m’a réservée, je suis extrêmement sensible à cette question, et là où les foules se pressent vers les soi-disant prophètes à la mode, je suis toujours très circonspecte et je fais l’effort de lire ou d’écouter ce qu’ils avancent pour me faire, dans l’Esprit Saint et la prière intense au Père et au Fils, une idée juste sur leur inspiration. Et je suis affligée de constater que plus une personne se prétendant du Christ attire les foules vers elle, surtout par l’intermédiaire des médias complaisants, plus elle tronque les Ecritures et la quintessence du message évangélique.
C’est un basculement si subtil qu’il échappe à la plupart de leurs “adeptes”, le mot n’est pas trop fort, car les foules qui les adulent se croient missionnées à leur faire de la publicité par tous les canaux que le net met à leur disposition. Leurs héros leur semblent irréprochables car ils se donnent toutes les apparences de la sainteté. Zèle extrême pour sa paroisse et soutane pour le prêtre auquel je pense, témoignage incessant et conférences pour ces convertis qui finissent par en faire une gloire personnelle, qui de témoins deviennent guides spirituels alors qu’ils n’ont absolument pas le bagage nécessaire pour l’assumer, et qui au passage ne dédaignent pas d’engranger des droits d’auteur sur de multiples livres ou DVD.
Il sera très facile de m’objecter que je réagis ainsi par jalousie. Je réponds simplement que c’est par un choix profond que j’ai résolu de tout donner de moi-même gratuitement sur ce site, et que bien avant de le créer, j’avais déjà trouvé dans la prière la ferme résolution de ne jamais me livrer aux médias, pas même de faire connaître mon visage.
Pour en revenir au prêtre qui incendie sa paroisse de Marseille et est devenu la coqueluche d’une frange de l’Eglise, je précise que j’ai fait l’effort d’écouter déjà nombre de ses homélies diffusées sur son site , et qu’à chaque fois, je suis scandalisée de ses techniques oratoires qui utilisent toutes les ficelles de la manipulation mentale : “Mes frères, vous allez être d’accord avec moi” (ce qui prive l’auditeur de ne plus être d’accord), “Nous sommes tous pécheurs, moi le premier” ( on va se dire “Oh non, pas lui, c’est un saint” – souvent on le compare au saint Curé d’Ars ! ), “Le plus grand des pécheurs est peut-être le plus grand des saints” (non, l’Evangile nous disait hier que la porte est étroite ) et beaucoup d’autres phrases de ce genre dont ses homélies sont émaillées.
A ajouter à cela, une vision complètement tronquée de la femme. Il vénère la Vierge Marie comme une créature presque surnaturelle qui n’a plus rien d’humain, et bien souvent la place au-dessus du Christ dans son discours.
Quand il parle des autres femmes, c’est presque toujours avec des allusions à leurs péchés de chair – vieilles lunes de l’Eglise catholique. Sur l’Evangile du dimanche 16 juin (Luc 7, 36-50; 8,1-3), il affirme que la femme qui vient se repentir de ses péchés sur les pieds de Jésus n’est autre que Marie-Madeleine, or cela relève de la tradition provençale et pas d’une lecture attentive des Ecritures, la théologie actuelle tend au contraire à bien distinguer trois femmes dans l’Evangile – cette pécheresse repentie et pardonnée, Marie de Magdala “délivrée de sept démons”, ce qui n’est pas la même chose, et Marie de Béthanie qui n’a rien à voir avec les deux autres, sinon par son amour pour le Christ.
J’aurais encore bien des choses à dire à ce propos, mais j’en reste là. Je suis affligée que tant de gens se retrouvent presque dépendants de cette personne qui use des ficelles de la séduction dans sa prédication pleine d’emphase.
Nous verrons bien quels en seront à terme les fruits.
Source image : http://www.centre-bethanie.org/marc_bons_mauvais_fruits_2012.htm#ecouter
Et je précise que je trouve l’homélie d’un diacre attachée au lien ci-dessus – qui n’a rien à voir avec mon article – par contre, très véridique.
3 commentaires
Véronique,
Et si vous preniez le temps aussi de méditer les propos de Gamaliel , dans Actes 5, 34-39. ?
38 Eh bien, dans la circonstance présente, je vous le dis : ne vous occupez plus de ces gens-là, laissez-les. Car si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera.
39 Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu. »Le conseil se laissa convaincre.
Si les propos de ceux que vous dénoncez avec autant de virulence viennent des hommes, ils tomberont d’eux mêmes et il n’y a pas lieu de prendre le mors aux dents de la sorte.
Je comprends bien que l’on puisse être réceptif à certaines formes d’expression de la foi… et en supporter plus difficilement d’autres. Pour ma part, le père * que vous dénoncez avec autant d’ardeur ne me touche pas ; je ne suis pas sensible à ses longues homélies ni à son style oratoire et préfère, et de loin,
les modes d’expression plus sobres.
Ceci dit, aussi longtemps de l’intéressé ne dit pas d’ âneries théologiques manifestes et n’offense personne, où est le mal ? Peut être son style et sa proposition de la foi constitueront des temps et de lieux de passage pour certains avant qu’ils n’évoluent vers d’autres lieux et d’autres nourritures spirituelles.
Vraiment, je me demande de quel droit vous vous donnez ainsi le droit de juger de tout sur un ton aussi définitif. Manifestement, votre culture théologique est limitée et vous énoncez vous même de grosses bêtises.
Par exemple, vos propos sur les chromosomes de Jésus ( il fallait y penser !) relèvent d’une imagination féconde… et sont manifestement contraires aux conciles christologiques des premiers siècles ( Chalcédoine en particulier affirmant la pleine humanité de Jésus et sa pleine divinité). Vos propos récents sur la souffrance de Jésus en croix manquaient eux aussi singulièrement de fondement. Lisez donc la Souffrance de Dieu de François Varillon; Vous y trouverez une méditation profonde et nourrie par des auteurs sérieux sur ce si difficile sujet.
Commencez donc par balayer devant votre porte et par vous cultiver davantage. Vous vous rendrez compte que les manières d’énoncer la foi ont beaucoup évolué au cours des âges, et que malgré tout, son dépôt est resté intact et traverse mystérieusement les siècles et les cultures, renouvelé et inchangé tout à la fois.
Vous apprendrez peut être aussi à vous montrer un peu plus prudente et mesurée dans vos propos, et à formuler des propositions plus ajustées et …. détendues que vos jugements actuels, énoncés comme si votre vie en dépendait, et qui ne sont que la traduction de vos allergies spirituelles personnelles.
On peut être allergique aux poils de chat ; ce n’est pas pour autant que les chats sont mauvais ! C’est bien l’allergie qu’il faut soigner. !
Bonjour Véronique, je ne partage pas vos propos sur le prêtre de Marseille.. Même si il a une sensibilité très marquée qui ne peut pas correspondre à tout le monde, il a, pas plus tard que dans son homélie de dimanche dernier, parlé élogieusement des femmes en précisant que pas une seule n’avait agressé Jésus dans l’Evangile, que cette idée d’envoyer le feu sur le village des samaritains était bien une idée masculine…Concernant Marie, la mère du Seigneur, beaucoup de saints ( Grignon de Monfort, Kolbe..) ont l’intuition spirituelle qu’elle nous conduit vers son fils par une voie privilégiée…Il n’est donc pas le seul! Si on reconnaît un arbre à ses fruits, disons que pour l’instant, les fruits sont bons….Ses prédications sur le net sont gratuites et pour les droits d’auteurs, je ne doute pas qu’il en fasse bon usage (il n’a sûrement pas de compte en Suisse!) fraternellement En Christ, Claire
J’ai encore fait l’effort d’écouter son homélie de dimanche dernier. Quand on est capable, au XXIe siècle, de fonder toute une homélie concernant Marthe et Marie à Béthanie sur la confusion permanente et délibérée entre Marie de Béthanie et Marie de Magdala, je ne peux personnellement pas adhérer. Je demande pardon à celles et ceux que mes propos peuvent choquer.