1 Rois 19, 16b.19-21
Psaume 15
Galates 5, 1. 13-18
Luc 9, 51-62
LA VIE DE FOI N’EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE
A la grande stupeur des disciples, Jésus vient d’annoncer qu’il va au-devant d’un danger mortel et il les a invités à le suivre. Mais il a beau leur répéter cette issue inéluctable, « ils ne comprennent pas cette parole ; elle leur reste voilée de sorte qu’ils n’en saisissent pas le sens. Ils craignent même d’interroger le maître sur ce point » (9, 45). Ne leur ressemblons-nous pas ? Il est plus gai de s’inscrire pour un pèlerinage que de s’engager pour ce voyage.
Un jour, Jésus commence « sa montée vers Jérusalem » (La section sera très longue : 10 chapitres avant l’entrée dans la ville). Le moment est capital et Luc le souligne par un ton solennel (ici en traduction littérale) :
Or il arriva, quand furent accomplis les jours de son enlèvement,
lui-même durcit sa face pour aller vers Jérusalem.
Rien n’est fortuit. Jésus connaît bien cette route qu’il a prise chaque année depuis sa jeunesse, il sait combien de jours à peu près va durer ce voyage : « il lui faut » arriver à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Car Moïse et Elie (la Loi et les Prophètes, donc les Ecritures) lui ont révélé dans sa prière sur la montagne qu’il doit faire son « exode » (9, 31) : il accepte d’être l’agneau pascal qui doit être immolé pour libérer les hommes de l’esclavage du péché.
Il sera « enlevé » : au sens premier, on lui prendra la vie ; mais ce mot « enlèvement » désignera plus tard l’Ascension (Actes 1, 2. 11. 22). Donc il sera enlevé à la vue des hommes (tué) mais «élevé » dans la Gloire de son Père du ciel.
Cette décision, mûrie dans la prière (9, 18) et annoncée aux disciples (9, 22), est tragique : la perspective de la croix est effrayante. En disant « il durcit sa face », Luc montre que Jésus est le Serviteur souffrant que le prophète Isaïe évoquait :
« Dieu m’a fait dresser l’oreille pour que j’écoute. Et moi je ne me cabre pas, je ne me rejette pas en arrière. Je livrerai mon dos à ceux qui me frappent ; je ne cacherai pas mon visage face aux crachats. Car le Seigneur Dieu me vient en aide : je ne céderai pas aux outrages. Je rends mon visage dur comme un silex, je ne serai pas ébranlé » (Isaïe 50, 4-7).
On le voit, ce verset 9, 51 est d’une extraordinaire richesse : il est inoubliable car il donne le sens de tout ce qui va arriver…..et de ce que nous devons vivre puisque « celui qui veut me suivre, qu’il renonce à soi et prenne sa croix chaque jour » (9, 23). Oui nous avons peur, nous remettons à demain, nous cherchons une alternative. Il n’y en a pas.
LE REFUS DE CERTAINS
Il envoya des messagers devant lui ; ils entrèrent dans un village de Samaritains. Mais on refusa de le recevoir…Les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? ». Mais Jésus se retourna et les réprimanda vivement.
Et ils partirent pour un autre village.
Pour aller en Judée, les Galiléens doivent passer par la Samarie où un village refuse de laisser passer des pèlerins de Jérusalem. Les disciples n’ont toujours rien compris au message de douceur du Maître. Ordonner au ciel de foudroyer ces gens : c’est ce qu’avait fait jadis le prophète Elie contre les soldats qui voulaient l’arrêter (1 Rois 1, 10. 12). Et Jean-Baptiste lui-même avait cru que le Messie qu’il annonçait se comporterait de la même façon (9, 17). Mais Jésus va aller lui-même dans la fournaise de la souffrance du Golgotha afin de plonger ses disciples, enfin convertis, dans le feu d’amour et de pardon du Saint-Esprit » (3, 16).
Comment comprendre que des chrétiens aient pu livrer des hérétiques au feu et incendier des villes ? C’est à l’Esprit-Saint d’éteindre le feu de la colère et de la rage. Le refus de certains est l’occasion de présenter l’Evangile à d’autres.
L’enchaînement est clair : la croix sera suivie de la Résurrection (Pâques – 9, 22) qui provoquera l’« enlèvement » (Ascension- 9, 51) lequel aboutira au don de l’Esprit de feu (la Pentecôte).
PAS FACILE DE SUIVRE JESUS
Luc raconte ensuite trois scènes de « vocation » : les hommes entretiennent des perspectives de triomphe, cherchent un Messie glorieux, désirent une Eglise qui chemine paisiblement au milieu des acclamations du monde.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras ».
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ».
Quand Jésus n’était qu’un guérisseur, il pouvait recevoir l’hospitalité généreuse et les compliments de tous. A partir du moment où le Messie parle de croix, les visages se crispent et les portes claquent. La vie selon l’Evangile véritable entraîne à la pauvreté. La foi n’est pas un mol oreiller.
Jésus dit à un autre : « Suis-moi ». L’homme répondit : « Permets-moi d’abord d’aller enterrer mon père ». Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le Règne de Dieu ».
Stupéfiant ! Il s’agit d’une des sentences les plus scandaleuses dites par Jésus et elle a dû susciter des hurlements d’indignation : ne bafouait-il pas le 5ème commandement qui inculquait un des devoirs les plus sacrés : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20, 12) ? Sous l’expression exagérée, on comprend la leçon : le disciple ne peut se laisser enliser dans la tristesse, le regret des temps passés, les affections brisées. La mort doit au contraire l’inciter à courir annoncer la Bonne Nouvelle avant qu’il ne soit trop tard: « Convertissez-vous, croyez à l’Evangile pour que la mort ne vous plonge dans le désespoir ».
Un autre dit encore : « Je te suivrai, Seigneur, mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison ». Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ».
Allusion est clairement faite à la scène où le prophète Elie, en passant, appelle Elisée en train de labourer son champ et où celui-ci répond par la même demande : aller d’abord dire adieu à ses parents (1 Rois 19, 19-21). A nouveau la réplique de Jésus est très dure mais elle souligne fortement la coupure à opérer par le disciple, l’urgence d’annoncer la Bonne Nouvelle et le danger de l’atermoiement.
Lorsque l’appel de Jésus à le suivre vers la croix nous atteint, nous cherchons inconsciemment des prétextes : les parents, les affaires, une visite, un temps de réflexion. Tout devient subitement important. Mais notre OUI risque bien de s’éteindre si nous ne nous élançons pas – tout de suite, maintenant – à la suite de Jésus. A l’Annonciation, Marie n’a pas demandé un délai. Comme elle, dis OUI même si tu as peur, même si les autres te traitent de fou. Rien ne sera jamais plus urgent que d’annoncer la Bonne Nouvelle.
Source : http://www.predication.org/
1 commentaire
” Lorsque l’appel de Jésus à le suivre vers la croix nous atteint, nous cherchons inconsciemment des prétextes : les parents, les affaires, une visite, un temps de réflexion. Tout devient subitement important. Mais notre OUI risque bien de s’éteindre si nous ne nous élançons pas – tout de suite, maintenant – à la suite de Jésus. A l’Annonciation, Marie n’a pas demandé un délai. Comme elle, dis OUI même si tu as peur, même si les autres te traitent de fou. Rien ne sera jamais plus urgent que d’annoncer la Bonne Nouvelle”.
Oui, Véronique, tu as raison. Il n’ y a pas d’ autre façon de suivre Jésus… .
Il veut tout ou rien.