Jacob était parti de Bershéba et se dirigeait vers Harrane. Surpris par le coucher du soleil, il s’arrêta à l’endroit où il était, pour y passer la nuit ; il prit une pierre pour la mettre sous sa tête, et c’est là qu’il dormit. Il eut un songe : une échelle était dressée sur la terre, et son sommet touchait le ciel ; des anges de Dieu montaient et descendaient.
Le Seigneur se tenait près de lui. Il lui dit : « Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père, le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je te la donne, à toi et à tes descendants. Tes descendants seront nombreux comme la poussière du sol, ils se répandront à l’orient et à l’occident, au nord et au midi ; en toi et en ta descendance seront bénies toutes les familles de la terre. Voici que je suis avec toi ; je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai sur cette terre ; car je ne t’abandonnerai pas avant d’avoir accompli ce que je t’ai promis. »
Jacob sortit de son sommeil et s’écria : « Vraiment, le Seigneur est dans ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas. » Saisi de crainte, il disait : « Que ce lieu est redoutable ! Il est réellement la maison de Dieu, la porte du ciel ! » Jacob se leva de bon matin, il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, il la dressa pour en faire une stèle, et il la consacra en versant de l’huile sur le sommet. Et à ce lieu, qui s’appelait alors Louz, il donna le nom de Béthel (c’est-à-dire : Maison de Dieu).
Alors Jacob prononça ce voeu : « Si Dieu est avec moi, s’il me protège sur le chemin où je marche, s’il me donne du pain pour manger et des vêtements pour me couvrir, et si je reviens sain et sauf à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu. Cette pierre dont j’ai fait une stèle sera la maison de Dieu. »
Genèse 28, 10-22a
Toute la tradition juive et la tradition chrétienne ont certainement développé de mille et une façons cet extrait de la Genèse. Je voudrais donc en tirer simplement quelques esquisses de mon propre vécu.
Hier, comme je faisais un trajet en voiture avec ma fille de 14 ans, elle me demanda :
“Quels sont tes endroits préférés au monde ?”
J’ai d’abord pensé qu’elle voulait que j’évoque mes voyages passés, et je lui ai répondu que j’avais beaucoup aimé la Turquie. Puis, m’interrogeant en moi-même, je lui dis que le village où nous habitons était pas mal du tout et que je ne voudrais pas vivre ailleurs.
Comme elle me disait, entre autres, qu’elle aimait être dans sa chambre, je lui dis alors :
“Et moi, je me sens bien dans toutes les églises.”
Oui, c’est vrai. Où que ce soit, je me sens dans une église comme dans ma propre maison. J’aime l’odeur des églises, leur clair-obscur, la lumière colorée qui entre par les vitraux, les cierges qui brûlent, les statues qui nous rappellent les vertus des saints, le chemin de croix qui nous parle de la Passion du Seigneur, la petite lumière rouge qui brûle près du tabernacle pour nous signaler sa Présence. J’aime le silence des églises, le chuchotement qui s’impose quand on y entre, la gratuité des fleurs. Quand je pénètre dans une église, mon coeur se dilate. Où que je me trouve de passage, j’en pousse la porte, et je m’imprègne de la foi de la communauté qui s’y rassemble.
Ces pierres dont nos ancêtres ont fait des églises sont vraiment la maison de Dieu.
Image : Eglise dans les Bauges, Savoie