Les fils d’Israël partirent de la ville de Ramsès en direction de Souccoth, au nombre d’environ six cent mille sans compter les enfants. Une multitude disparate les accompagnait, ainsi qu’un immense troupeau de moutons et de bœufs. Ils firent cuire des galettes sans levain avec la pâte qu’ils avaient emportée d’Égypte et qui n’avait pas levé ; en effet, ils avaient été chassés d’Égypte sans avoir eu le temps de faire des provisions. Le séjour des fils d’Israël en Égypte avait duré quatre cent trente ans. Et, au bout de quatre cent trente ans, jour pour jour, toutes les armées du Seigneur sortirent du pays d’Égypte. Ce fut une nuit de veille pour le Seigneur, quand il fit sortir d’Égypte les fils d’Israël ; ce doit être pour eux, de génération en génération, une nuit de veille en l’honneur du Seigneur.
Exode 12, 37-42
Le Livre de l’Exode doit nous rappeler que Dieu n’est pas le grand absent dans l’histoire des hommes, ce que l’on entend beaucoup de nos jours.
“Où est Dieu ?” “Que fait Dieu ?”
Nombre de nos contemporains refusent de croire en contemplant les atrocités qui ont cours dans le monde, et en n’admettant pas qu’un Dieu tout-puissant ne les empêche pas, d’autant plus que ces atrocités sont parfois commises soit-disant en son Nom – je dis bien soit-disant, car là où nuit l’homme orgueilleux et violent, ce n’est jamais Dieu qui l’anime.
Nous pouvons mettre ce texte de l’Exode en parallèle avec l’évangile proposé aujourd’hui :
Les pharisiens se réunirent contre Jésus pour voir comment le faire périr.
Jésus, l’ayant appris, quitta cet endroit ; beaucoup de gens le suivirent, et il les guérit tous.
Mais Jésus leur défendit vivement de le faire connaître.
Ainsi devait s’accomplir la parole prononcée par le prophète Isaïe :
«Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui j’ai mis toute ma joie. Je ferai reposer sur lui mon Esprit, aux nations il fera connaître le jugement.
Il ne protestera pas, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix sur les places publiques.
Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher le jugement.
Les nations païennes mettent leur espoir en son nom. »
Matthieu 12, 14-21
Jésus est le Messie qui fait le bien autour de lui, mais qui demande la plus grande discrétion sur ses miracles. Il n’est pas celui qui vocifère sur les places publiques. Depuis sa Résurrection, il est celui qui alimente la flamme de la foi de qui le cherche vraiment, et qui encourage jour après jour ses témoins à poursuivre son oeuvre – sans violence.
A lire cet extrait de l’Exode, je me dis que nous avons bien tort de croire que Dieu n’agira plus jamais à grande échelle dans la destinée des hommes. Le temps de l’Eglise dure depuis 2000 ans, et nombreux sont ceux qui se sont assoupis dans une foi molle et une conception consommatrice des sacrements.
A chaque messe, quand nous disons : “Il reviendra dans la Gloire, pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin”, je me demande combien de fidèles, dans l’assemblée, croient en ce qu’ils disent.
Pour moi, je crois profondément que la sortie d’Egypte est le signe du terme de la Révélation : Dieu nous fera à nouveau sortir de l’Egypte dans laquelle nous vivons – règne de l’argent, inégalités sociales scandaleuses, délinquance et criminalité galopantes, culte des idoles, oppression voire esclavagisme des femmes dans bien des civilisations…
Le problème de fond de la croyance en un Dieu qui nous sauve, c’est que nombreux sont ceux qui ont trouvé des accommodements avec cette Egypte et ne veulent pas en sortir.
Cela n’empêchera pas le Seigneur d’être attentif aux cris des justes et des malheureux qui montent vers Lui.
Image : La sortie d’Egypte Synagogue de Doura Europos, Syrie